Ce n'est pas la première déclaration du genre. Les dirigeants de l'organisation armée basque veulent à nouveau convaincre Madrid du bien-fondé de cette décision. Mais le gouvernement espagnol a rejeté cette offre pour la troisième fois consécutive.
AFP - L'organisation basque armée ETA est "disposée" à observer un cessez-le-feu permanent et vérifiable, et "même à aller plus loin", selon l'interview de deux de ses "représentants" dans le journal basque Gara, accueillie avec scepticisme par le gouvernement espagnol.
"L'ETA est disposée à faire cette avancée", à savoir observer un cessez-le-feu permanent et vérifiable, "et même à aller plus loin si les conditions sont réunies pour cela", ont-ils déclaré au journal indépendantiste qui reçoit habituellement les communiqués de revendication du groupe armé.
"L'objectif consiste à résoudre de façon démocratique le conflit politique (basque, ndlr), à refermer la plaie pour toujours, et cela nous oblige tous à agir avec responsabilité", ont ajouté les deux "étarras", selon des extraits de l'entretien diffusés sur le site internet de Gara.
Le gouvernement espagnol a rejeté cette nouvelle annonce de l'ETA, la troisième depuis le début du mois, tout comme il l'avait fait pour les deux premiers communiqués du groupe considéré comme terroriste par l'UE.
"Les communiqués et les interviews sont désormais inutiles, la seule chose que l'on attend c'est l'abandon définitif de la violence" a indiqué une source du gouvernement, citée par l'édition en ligne du journal El Mundo.
Ces déclarations interviennent vingt jours après l'annonce par le groupe armé --responsable de la mort de 829 personnes en près d'un demi-siècle de violences-- d'un cessez-le-feu aux contours flous que le gouvernement espagnol a qualifié d'insuffisant et rejeté.
Selon Gara qui devait publier l'intégralité de l'entretien dimanche, les deux représentants ont indiqué que l'arrêt des actions offensives tel qu'annoncé le 5 septembre avait un caractère durable.
"ETA veut avancer sur la voie de la résolution (du conflit basque, ndlr) de façon de plus en plus approfondie", ont-ils poursuivi.
Les étarras ont aussi fait allusion à un "processus de dialogue" pour sortir du conflit avec la mise en place d'un groupe de discussions avec les "partis et les agents sociaux basques".
Un peu plus tôt samedi, l'ETA avait été pressée par sa vitrine politique, Batasuna, de montrer sa "volonté" de déposer "définitivement" les armes.
Batasuna a souscrit un "accord pour un scénario de paix" avec son allié, le parti indépendantiste Eusko Alkartasuna et d'autres mouvements indépendantistes.
Les partis signataires ont demandé à l'ETA "un cessez-le-feu permanent, unilatéral et vérifiable par la communauté internationale comme l'expression de la volonté de mettre définitivement un terme à son activité militaire".
Ils ont parallèlement réclamé à l'Etat espagnol "l'abrogation de la Loi sur les partis politiques" qui a permis l'interdiction de Batasuna par la justice espagnole.
Batasuna, qui est interdit en Espagne depuis 2003 en raison de ses liens avec l'ETA dont il ne condamne pas explicitement la violence, cherche à revenir dans le jeu politique avant les élections locales basques de 2011.
L'ETA avait annoncé le 5 septembre dans une vidéo transmise à la BBC qu'elle "ne (mènerait) pas d'actions offensives armées", mais sans préciser si cet arrêt était temporaire ou définitif.
Deux semaines après, le groupe armé s'était dit prêt à dialoguer avec des médiateurs internationaux pour "étudier avec eux les étapes nécessaires au processus démocratique, y compris les engagements que doit contracter l'ETA", se conformant ainsi partiellement à une demande de Batasuna.
Echaudé par la fin sanglante de la précédente trêve de l'ETA, avec deux morts dans un attentat à l'aéroport de Madrid en décembre 2006, le chef du gouvernement, José Luis Rodriguez Zapatero, a jugé "insuffisantes" ces annonces, exigeant un abandon définitif des armes, sans condition et de manière vérifiable.