Après plus d'une année de brouille, la Syrie et l'Irak ont décidé de rétablir leurs relations diplomatiques. Les deux pays étaient en froid à la suite d’accusations de Bagdad selon lesquelles Damas servait de refuge à des terroristes.
AFP - L'Irak et la Syrie ont mis un terme à une crise diplomatique majeure en décidant de rétablir des relations complètes et de renvoyer leurs ambassadeurs respectifs, un an après leur rappel, a annoncé vendredi le chef de la diplomatie irakienne Hoshyar Zebari.
Les deux capitales avaient rappelé leurs émissaires le 25 août 2009, à la suite d'accusations de Bagdad selon lesquelles son voisin abritait deux commanditaires d'attentats commis quelques jours plus tôt dans la capitale irakienne, et qui avaient été les plus meurtriers en un an et demi en Irak.
Contrairement à ce qu'il avait indiqué il y a un an, le porte-parole du gouvernement irakien, Ali Dabbagh, a affirmé vendredi qu'il n'y avait aucune corrélation entre la demande d'extradition des deux hommes et le statut des relations syro-irakiennes.
"J'ai rencontré le ministre des Affaires étrangères syrien pour l'informer que le gouvernement irakien a décidé de restaurer des relations diplomatiques complètes en envoyant à nouveau notre ambassadeur à Damas", a déclaré M. Zebari à l'AFP par téléphone depuis New York, où il se trouve pour l'Assemblée générale des Nations unies.
"Mon homologue syrien s'est réjoui de cette décision et a décidé d'envoyer à nouveau son ambassadeur à Bagdad dès que possible", a-t-il ajouté, sans plus de précision.
Bagdad et Damas avaient rappelé leurs ambassadeurs six jours après les attentats du 19 août 2009. Deux kamikazes avaient alors fait exploser deux camions piégés devant les ministères des Affaires étrangères et des Finances à Bagdad, tuant 95 personnes et blessant plus de 600 autres.
Ces attentats avaient été revendiqués sur internet par la branche irakienne d'Al-Qaïda. Mais un suspect avait affirmé dans des "aveux" télévisés être membre du Baas irakien, l'ex-parti de l'ancien président Saddam Hussein, et mis en cause deux responsables de ce parti, Sattam Farhan et Mohammed Younès al-Ahmed, basés en Syrie.
Fin août 2009, l'Irak avait posé comme préalable à une normalisation de ses relations avec Damas que la Syrie lui remette les personnes suspectées de planifier des attentats sur son sol. M. Dabbagh avait indiqué qu'une liste de noms avait été remise aux Syriens.
Mais vendredi, il a affirmé qu'il n'y avait "aucun lien" entre la question des relations syro-irakiennes et cette demande d'extradition, tout en précisant que celle-ci était toujours valable.
"Nous ne voulons pas que les relations dépendent de la question de la sécurité. (...) Nous n'intervenons pas dans les affaires des autres et nous souhaitons que les autres se retiennent d'intervenir (dans les nôtres)", a déclaré par téléphone à l'AFP.
Il a précisé que la reprise des relations avait été décidée mardi par le gouvernement irakien.
"L'essentiel désormais est que nous voulons développer les relations économiques", a-t-il dit.
Cette crise diplomatique avait mis un coup d'arrêt à un long processus de rapprochement entre les deux voisins qui avaient repris leurs relations diplomatiques officielles en novembre 2006.
Celles-ci avaient été rompues en 1980, quand la Syrie et l'Irak étaient dirigées par des branches rivales du parti Baas.
Après 2003, Washington et Bagdad ont souvent accusé Damas de laisser des activistes islamistes, notamment d'Al-Qaïda, entrer en Irak à partir de son territoire. Mais Américains et Irakiens ont estimé ces dernières années que le flux de combattants arrivant de Syrie diminuait.
Damas et Bagdad avaient signé en avril 2009 un accord stratégique dans les domaines du pétrole, du gaz, de l'électricité et du commerce. Lundi dernier, Bagdad a annoncé un autre accord avec son voisin pour construire deux nouveaux oléoducs.