Les participants au sommet des Nations unies sur le Soudan ont tenté de convaincre le gouvernement de Khartoum de respecter le calendrier concernant la tenue, en janvier, de la consultation sur l'indépendance du Sud-Soudan.
Ne plus reculer, organiser en temps et en heure le référendum crucial du 9 janvier 2011 au Soudan. Tel est le message fort qu’a adressé le président américain, Barack Obama, ce vendredi, lors du sommet organisé au siège de l’ONU, à New York, sur la question soudanaise.
"A l'heure actuelle, le sort de millions de personnes est en jeu. Ce qui se produira au Soudan dans les jours qui viennent pourrait décider si ces gens qui ont souffert de trop de guerres avancent vers la paix ou retombent dans un bain de sang", a lancé le numéro un américain dans un dicours au ton passionné.
Les deux vice-présidents soudanais, les présidents rwandais, kényan, ougandais, gabonais, ainsi que le Premier ministre néerlandais, le vice-Premier ministre britannique, les chefs de la diplomatie française, allemande et égyptienne et le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, ont assisté à la réunion.
Ces dirigeants ont voulu par leur présence témoigner de la solidarité de la communauté internationale à un peu plus de 100 jours d'un référendum qui verra le Sud du Soudan choisir entre l'unité avec le Nord ou l'indépendance.
La tenue de ce référendum est prévue dans l’accord de paix global qui a mis fin, en 2005, à une guerre civile de plus de 20 ans entre le gouvernement de Khartoum et le Mouvement de libération du peuple soudanais (SPLM). Près de 2 millions de personnes sont mortes dans ce conflit.
Certaines dispositions de cet accord de paix ont déjà été mises en place, comme le rappelle l’ONU sur son site Internet. Ainsi le Sud-Soudan dispose-t-il aujourd'hui d'une Constitution ainsi que d'un gouvernement, bien que ses moyens soient limités.
Vers deux États indépendants ?
Mais les préparatifs du vote ont pris du retard si bien que les États-Unis, inquiets de la
itstabilité politique dans cette région fragile, menacent de prendre des mesures supplémentaires de rétorsion contre le régime soudanais, déjà sous le coup de sanctions en raison de sa politique menée au Darfour.
Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a par ailleurs annoncé la création d’une commission représentative chargée de contrôler le tenue du référendum et de travailler "directement pour renforcer la confiance dans ce processus".
"L’intérêt de la réunion [de vendredi] est d’encourager le Nord et le Sud à travailler constructivement ensemble", déclarait, avant le sommet, le porte-parole de la diplomatie américaine, Philip Crowley, Car les observateurs ne doutent pas réellement de l’issue du référendum, qui devrait déboucher sur la création de deux États indépendants.
Quitte à voir le pays partagé en deux, le gouvernement soudanais acceptera le résultat du référendum de janvier, a d'ailleurs déclaré Ali Osmane Taha, le vice-président du Soudan pendant la réunion.
Manne financière dans le Sud
Nombreux sont ceux qui craignent néanmoins que cette promesse ne soit pas tenue. Maintes fois par le passé, Khartoum s’est montré peu disposé à voir lui échapper la manne financière que représentent les gisements pétroliers du sud du pays.
Les questions identitaire et humanitaire sont aussi au centre des préoccupations. Depuis la fin de la guerre, les tensions sont en effet restées vives entre le Nord, majoritairement arabe et musulman, et le Sud, principalement chrétienne ou animiste.
Selon un rapport publié en juin par l’ONG Refugees International, les personnes originaires du Sud habitant dans le Nord, et inversement, "risquent d’être en proie à la violence et à la perte de leur nationalité, ce qui les rendrait apatrides".
Quant aux élections présidentielle, législatives et régionales, les premières depuis 24 ans, organisées le 11 avril dernier, elles ont reconduit le président Omar el-Béchir à la tête du Soudan, mais dans un climat de confusion tel qu’il nourrit davantage les inquiétudes que les espoirs.
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