
Trois mois après avoir infligé à l'Iran des sanctions pour le manque de transparence de son programme nucléaire, les Six (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) ont proposé à Téhéran de négocier.
AFP - Les grandes puissances ont proposé mercredi à l'Iran de négocier, trois mois après avoir infligé à ce pays des sanctions sévères pour le manque de transparence de son programme nucléaire.
Les Six, qui soupçonnent l'Iran de chercher à se doter de la bombe atomique sous couvert d'un programme civil, veulent obtenir "rapidement une solution négociée" avec Téhéran, selon le communiqué lu à l'issue d'une réunion à l'ONU par Catherine Ashton, la représentante diplomatique de l'Union européenne.
Le groupe des Six est composé des cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Russie) et de l'Allemagne.
"Nous avons réaffirmé notre détermination et notre engagement à trouver rapidement une solution négociée à la question du nucléaire iranien, et avons consacré notre discussion à de nouvelles étapes pratiques pour y parvenir rapidement", écrivent les ministres des Affaires étrangères.
"Notre objectif demeure une solution négociée complète et de long terme, qui puisse rétablir la confiance internationale dans la nature exclusivement pacifique du programme nucléaire de l'Iran", poursuit le communiqué.
L'offre intervient trois mois après le vote de la résolution 1929 du Conseil de sécurité de l'ONU, qui impose une nouvelle série de sanctions économiques au régime.
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, également présent à l'ONU pour l'Assemblée générale de l'institution, continue de nier que son programme nucléaire ait des visées militaires.
Le régime répète par ailleurs que les sanctions économiques sont sans effet sur le pays. Mais Téhéran se dit également prêt à une reprise rapide des négociations.
"Nous espérons qu'avec une approche juste reconnaissant le droit de la République islamique à avoir des activités pacifiques nucléaires, nous pourrons avoir dans un proche avenir des négociations" avec les Six, a ainsi déclaré mardi Ramin Mehmanparast, le porte-parole de la diplomatie iranienne.
Les Six se disent également prêts à reprendre la discussion avec l'Iran sur "un accord révisé" dans la ligne de l'échange d'uranium offert il y a près d'un an à Genève. Ils ont demandé au groupe de Vienne (Etats-Unis, France, Russie), de réfléchir aux détails techniques d'une nouvelle offre.
En 2009, l'Iran avait d'abord paru accepter la proposition, avant de se rétracter.
"Nous espérons cette fois (non seulement) commencer le processus, mais aussi le maintenir", a déclaré un haut responsable américain après la réunion. Cela pourrait être à l'automne.
L'objectif principal actuel des Six est en tous cas "un dialogue direct avec l'Iran", qui passerait par Catherine Ashton, a insisté cette source parlant sous couvert de l'anonymat.
Le chef de la diplomatie britannique, William Hague, devait rencontrer à New York son homologue iranien Manouchehr Mottaki. Il a déjà exhorté l'Iran à "ne pas sous-estimer notre désir de dialoguer".
"Les grandes puissances préfèrent négocier elles-mêmes avec l'Iran", plutôt que de laisser à d'autres cette initiative, comme cela avait été le cas du Brésil et de la Turquie au printemps, a observé à Washington le groupe de réflexion ISIS, spécialisé dans les questions stratégiques.
Le Brésil et les autres "BRIC" (Russie, Inde et Chine), a indiqué le ministre brésilien Celso Amorim, envisagent justement de soumettre aux voix de l'ONU une résolution non contraignante, affirmant leur hostilité aux sanctions "nationales" par lesquelles les Etats-Unis, les Européens, le Japon et l'Australie ont complété les sanctions internationales.
Le porte-parole de la diplomatie américaine, Philip Crowley, a démenti en fin de journée des informations du quotidien israélien Haaretz, selon lequel des contacts secrets avaient eu lieu à l'ONU entre des diplomates américains et iraniens.
"Nous sommes concentrés dans l'immédiat sur le processus à Six", a-t-il souligné.