Après la revendication par Al-Qaïda au Maghreb islamique du rapt des cinq Français au Niger, Paris répète que "tout est mis en œuvre" pour localiser les otages, qui seraient au Mali. Ces derniers seraient détenus par la branche radicale d'Aqmi.
"Nous supposions qu'Aqmi était impliqué, ce n'était jusque-là qu'une supposition, cela devient maintenant une confirmation", a déclaré, mardi soir, depuis Bamako, Brice Hortefeux sur RFI. Présent au Mali à l'occasion des cérémonies du 50e anniversaire de l'indépendance du pays, le ministre de l'Intérieur devrait aussi rencontrer le président malien Amadou Toumani Touré, afin d'évoquer avec lui la situation des otages détenus par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Le groupe a revendiqué mardi l'enlèvement des cinq Français capturés le 16 septembre au Niger. Dans un message audio transmis à la chaîne qatarie Al-Jazeera, l'antenne maghrébine d'Al-Qaïda précise que l'Algérien Abelhamid Abou Zeid, leader de la branche radicale et responsable de l'enlèvement et de l'assassinat du Français Michel Germaneau, est à l'origine de cette nouvelle prise d'otages.
Les otages, cinq Français travaillant pour Areva, ainsi qu’un Togolais et un Malgache, ont été enlevés à Arlit, un site d'extraction d'uranium situé à 200 km de la frontière algérienne.
itL'armée américaine appelée à l'aide
"Ce n'est pas vraiment une surprise qu'Al-Qaïda soit à l'origine de cet enlèvement", a réagi le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, depuis New York, où il participe au sommet de l'ONU sur les Objectifs du millénaire pour le développement.
"Maintenant que c'est une certitude, nous continuerons, les Français, leurs alliés, les pays du Sahel et de l'Europe, je l'espère, à être très attentifs, le plus attentif possible, à mettre tous nos moyens à la disposition de leur libération", a-t-il ajouté.
itA l'issue d'un Conseil restreint de défense et de sécurité, convoqué mardi à l'Elysée par Nicolas Sarkozy, le ministre de la Défense Hervé Morin a répété que Paris mettait "tout en oeuvre" pour retrouver les otages, qui seraient retenus au nord-est du Mali. "Les ravisseurs qui ont opéré au Niger ont très vraisemblablement franchi la frontière du Niger pour être au Mali", a confirmé Brice Hortefeux.
Depuis la capitale nigérienne, 80 militaires français se relaient pour effectuer des vols de reconnaissance au-dessus du Sahel. Deux responsables américains ont également affirmé - sans donner plus de précisions - que la France aurait demandé l'aide de l'armée américaine pour tenter de localiser les otages.
Abou Zeid, leader de la branche radicale d'Aqmi
Aqmi et Paris se livrent à un véritable bras de fer depuis plusieurs mois. Dans le communiqué diffusé mardi, l'organisation terroriste affirme qu'elle va transmettre au gouvernement français des "demandes légitimes" concernant les otages.
Le groupe met aussi en garde Paris "contre toute autre stupidité". Le 22 juillet, un raid militaire mené conjointement au Mali par des forces mauritaniennes et françaises avait conduit à la destruction d'une base d'Aqmi et à la mort de sept militants. Mardi, le ministre de l'Intérieur a assuré qu'il n'y avait, "à ce stade", aucun projet d'opération militaire. "S'il y en avait un, je ne dirais rien", a-t-il toutefois ajouté.
Abdelhamid Abou Zeid, islamiste algérien qui dirige, au Mali, le groupe d'Aqmi, est tenu pour responsable de l'assassinat, en juillet dernier, de Michel Germaneau, un Français enlevé le 19 avril dans le nord du Niger.
"Abou Zeid est l'un des leaders de la branche radicale d'Aqmi, précise Willy Bracciano, envoyé spécial de France 24 à Niamey. Il est décrit comme violent, brutal, rassemblant des fanatiques. C'est son groupe qui avait enlevé Michel Germaneau et Pierre Camatte, un autre Français relâché en février."
Lundi soir, l'agence en ligne mauritanienne "Nouakchott informations" a publié un communiqué d'Aqmi dans lequel l’organisation menaçait la Mauritanie, "agent de la France", de représailles après une opération de ses forces armées menée la semaine dernière dans le nord du Mali.
Areva a bien reçu une lettre des autorités
De son côté, Areva a confirmé, dans un communiqué, avoir reçu une lettre du préfet d'Arlit, datée du 1er septembre, faisant état de menaces d'enlèvement dans la région, après que le quotidien "Le Monde" a publié ce document mardi.
Areva assure cependant que cette lettre s'inscrivait "dans le cadre d'un dialogue et d'une évaluation permanente" avec les autorités nigériennes et qu'elle ne contenait "aucune information particulière".