Plus de 150 pays membres de l'ONU sont réunis à New York pour le sommet des Objectifs du millénaire pour le développement, visant à réduire la pauvreté de moitié dans le monde d'ici à 2015. Aux deux tiers du parcours, France 24 dresse un bilan.
En 2000, 189 pays membres de l’ONU s’engageaient à réduire de moitié la proportion de la population vivant sous le seuil de l'extrême pauvreté (soit 1 dollar par jour à l'époque, 1,27 dollar aujourd'hui) d'ici à 2015. À cela sont venus s’annexer huit Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) : assurer l'éducation primaire pour tous, promouvoir l'égalité des sexes, réduire la mortalité infantile, améliorer la santé maternelle, combattre le sida, le paludisme et d'autres maladies, préserver l'environnement et mettre en place un environnement mondial pour le développement. Dix ans après, les OMD sont encore loin d'être atteints, en particulier en Afrique subsaharienne.
Devant les quelque 150 chefs d’Etat et de gouvernement réunis ce lundi au siège des Nations unies, à New York, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, s’est employé à remobiliser les troupes : "Nous ne pouvons décevoir les milliards d’individus qui attendent de la communauté internationale qu’elle réalise la vision magnifique qu’incarne la Déclaration du Millénaire. Tenons cette promesse." Le ton est donné.
À cinq ans de l’échéance, FRANCE 24 dresse un premier bilan.
Les progrès : la lutte contre l’extrême pauvreté et le sida
L'extrême pauvreté recule globalement dans le monde, mais de manière inégale, selon les régions. Des progrès dus essentiellement à la forte croissance économique enregistrée dans des pays comme la Chine et l'Inde, les deux États les plus peuplés de la planète. Selon l'ONU, l'objectif de réduire le taux d'extrême pauvreté à 15 % d'ici à 2015 devrait être atteint dans une grande partie de l'Asie, voire de l'Amérique latine. En Afrique subsaharienne cependant, le taux devrait s’élever à 38 %.
Autre succès à souligner : la lutte contre le sida. L’accès au traitement contre le VIH dans les pays à faibles ou moyens revenus a été multiplié par 10 en cinq ans. "Le nombre de cas de paludisme a baissé de moitié dans des pays comme le Rwanda et la Zambie", s’est félicité l’ancien secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, dans le quotidien français "Libération".
D'autres données chiffrées permettent de déceler d'autres avancées dans des domaines précis : la scolarisation de 42 millions d’enfants en Afrique et le nombre de cas de paludisme réduit de moitié dans des pays comme le Rwanda et la Zambie.
Mais les OMD sont, de façon globale, loin d’être atteints.
De nombreux retards
Il existe des retards notables concernant la réduction de la faim, l'accès aux soins médicaux et à l'éducation, l'égalité hommes-femmes, la lutte contre le réchauffement climatique, la santé maternelle et la mortalité infantile.
- Malnutrition. La faim a reculé sur tous les continents mais à un rythme très lent : l’objectif était de passer de 20 % de sous-alimentés en 2000 à 10 %, 15 ans plus tard. Le taux actuel est aujourd’hui de 16 %. La hausse des prix des denrées alimentaires en 2008 et la crise financière de 2009 n'ont pas amélioré la situation.
- Éducation. L’espoir d’arriver à une éducation universelle d’ici à 2015 diminue, malgré les progrès enregistrés dans beaucoup de pays pauvres : "Nous avons vu les taux d’inscription à l’école pratiquement doubler en Éthiopie et en Tanzanie", indique Kofi Annan, toujours dans "Libération". Mais ce n’est pas le cas sur tout le continent. Dans la moitié des pays d’Afrique subsaharienne où des données sont disponibles, au moins un quart des enfants en âge d’aller à l’école primaire n’étaient pas encore scolarisés en 2008.
- Égalité des sexes. Les régions en développement s’approchent dans l’ensemble de la parité des sexes en ce qui concerne la fréquentation scolaire. En 2008, on comptait 96 filles pour 100 garçons dans le cycle primaire, et 95 filles pour 100 garçons dans le cycle secondaire. La pauvreté reste un désavantage manifeste pour les filles en termes d’éducation.
- Lutte contre la mortalité. Cet objectif est un des plus grands échecs enregistrés. Le taux de mortalité maternelle n’a été réduit que de 1 % au lieu de 5,5 %. Donner naissance est particulièrement risqué en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne, où la plupart des femmes accouchent en l’absence de personnel qualifié.
La crise économique, principale cause freinant le développement
Comment expliquer de tels retards ? "Les temps ont considérablement changé depuis la Déclaration du Millénaire", résume Kofi Annan. La crise économique a "accru les vulnérabilités, creusé les inégalités et porté atteinte aux progrès accomplis en matière de développement", indique l’ONU. Malgré le contexte économique, les dirigeants vont solennellement déclarer qu'il leur "tient à cœur de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour atteindre les Objectifs du millénaire". Il existe d’autres facteurs de ralentissement du développement, comme le changement climatique, la corruption, la résistance des pays riches à ouvrir leurs marchés.
Atteindre les objectifs en misant sur les financements innovants
Pour atteindre les OMD, l’actuel secrétaire général de l'ONU a évalué à plus de 100 milliards de dollars les financements nécessaires. La France, avec d'autres pays comme le Chili, le Brésil ou la Norvège, était en faveur de la mention de "financements innovants". Ils consistent à taxer les billets d'avion, le tourisme, Internet, la téléphonie mobile et les transactions financières. Ban Ki-moon a personnellement apporté son soutien à ces financements nouveaux. D'autres pays, emmenés par les États-Unis, y étaient résolument opposés.
Selon une étude de la Banque mondiale, l'un des principaux objectifs visés - réduire de moitié la pauvreté dans le monde d'ici à 2015 - sera sans doute rempli. Toutefois, les institutions estiment que, d'ici à 2020, 71 millions de personnes supplémentaires tomberont dans la pauvreté, uniquement en raison de la crise mondiale.