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Vive passe d'armes entre les deux principaux candidats à la présidence

Le virulent débat télévisé qui s'est tenu dimanche soir entre la candidate travailliste Dilma Rousseff (photo) et son principal adversaire José Serra (social-démocrate) est venu pimenter une campagne présidentielle jusque-là un peu terne.

Le débat fut pour le moins houleux. Dimanche soir, les téléspectateurs de la chaîne RedeTV! ont assisté à une virulente passe d’armes entre les principaux candidats à l’élection présidentielle brésilienne du 3 octobre.

Distancié de 23 points par la candidate du Parti des travailleurs (PT, au pouvoir), Dilma Rousseff, le candidat du Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB), José Serra, s’en est violemment pris à son adversaire lors du débat, accusant la formation au pouvoir d’user de corruption, de trafic d’influence et de basses intrigues électorales. "Cela sent la manœuvre électorale, à l’image de ce qui a été constamment fait contre moi et contre mon équipe de campagne", s'est insurgée la dauphine du président sortant Luiz Inacio Lula da Silva.

Depuis plusieurs semaines en effet, le leader social-démocrate reproche au PT d’avoir manœuvré pour accéder aux dossiers fiscaux de plusieurs membres de son entourage, dont celui de sa fille et de son gendre. Selon des révélations publiées notamment dans les colonnes du magazine "Veja", le parti au pouvoir aurait eu accès à ces dossiers confidentiels grâce à de fausses procurations, remises par des intermédiaires liés au PT.

José Serra a également évoqué une affaire de corruption, elle aussi révélée par "Veja", concernant Erenice Guerra, ancienne collaboratrice de Dilma Rousseff et actuelle secrétaire générale de la présidence. Selon le magazine, elle aurait fait bénéficier son fils, propriétaire d’un cabinet de conseil, de rétrocommissions versées dans le cadre d’attributions de marchés publics.

De quoi assombrir l’horizon de celle que l’on dit être la grande favorite du scrutin. Lors de la présidentielle de 2002, un scandale similaire avait empêché Lula de savourer sa victoire dès le premier tour.

Lula épargné par les critiques

"Je ne tolérerai pas d’être jugée sur ce qui est arrivé au fils d’une ancienne collaboratrice", a répondu la candidate travailliste, affirmant avoir la "plus grande considération" pour Erenice Guerra.

Au cours du débat télévisé, Dilma Rousseff, créditée de 51% des intentions de vote, n’a pas manqué d’aplomb et s’est montrée plus à l’aise que lors du précédant débat organisé en août. Elle-même n’a pas manqué d’accabler son adversaire, l’accusant notamment de recourir à la calomnie pour tenter de faire remonter les intentions de vote en sa faveur.

José Serra ne s’est pas d’ailleurs pas risqué à attaquer ouvertement l’actuel chef de l’État. Cette stratégie aurait été des plus périlleuses : Lula quitte le palais présidentiel du Planalto avec plus de 70 % d’opinions favorables.

Le débat a été vif mais ne devrait pas influencer le vote des Brésiliens. La joute verbale à laquelle se sont livrés les deux principaux candidats a éclipsé la Verte Marina Silva, pourtant à même de réunir 10 % des voix, mais a surtout réussi à donner un peu de piquant à une campagne électorale jusqu’alors jugée très terne par les observateurs.