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"Le Monde" accuse l'Élysée d'avoir violé le secret des sources

Le quotidien va porter plainte contre X pour violation de la loi sur le secret des sources. Il accuse l'Élysée - qui dément - d'avoir fait appel au contre-espionnage pour identifier l'une de ses sources dans l'affaire Woerth-Bettencourt.

AFP - Le Monde accuse l'Elysée d'avoir sollicité les services du contre-espionnage pour identifier la source d'un de ses journalistes travaillant sur l'affaire Bettencourt-Woerth et va porter plainte contre X.

"L'Elysée dément totalement les accusations du Monde et la présidence de la République précise qu'elle n'a jamais donné la moindre instruction à quelque service que ce soit", a indiqué la présidence de la République.

"Affaire Woerth : l'Elysée a violé la loi sur le secret des sources des journalistes", titre le quotidien, soulignant que "Le Monde va déposer plainte contre X".

"Nous avons des certitudes et des éléments de preuves", a déclaré de son côté Eric Fottorino, directeur du Monde. "Pour publier un titre aussi fort, il fallait qu'on ait des éléments tangibles, recoupés, c'est ce que nous avons fait tous ces derniers jours, toutes ces dernières semaines", a-t-il dit sur Europe 1.

"On a eu les preuves que le pouvoir avait ordonné une enquête, une enquête hors tout cadre juridique, une enquête sauvage pour essayer de distinguer, de détecter d'où venait la fuite. Concrètement c'est le contre-espionnage et c'est là que c'est tout à fait illégal".

A l'origine, un article de Gérard Davet en première page du quotidien mi-juillet : "Le principal collaborateur de Liliane Bettencourt met Eric Woerth en difficulté". L'article évoquait notamment les conditions d'embauche de l'épouse d'Eric Woerth par le gestionnaire de la fortune de Liliane Bettencourt, Patrice de Maistre.

La Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), chargée de l'enquête, "a assuré au Monde avoir agi dans le cadre de sa +mission de protection des intérêts de l'Etat+".

Lundi soir, le directeur général de la police nationale Frédéric Péchenard a indiqué à l'AFP que la DCRI avait vérifié un renseignement sur des fuites dans la presse concernant l'affaire Bettencourt et saisi le parquet le 2 septembre, en mettant en cause un haut fonctionnaire.

Sur la base de relevés téléphoniques, la source a été identifiée : David Sénat, conseiller de la garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie. Il a depuis été appelé à d'autres fonctions.

Dans un éditorial non signé en Une, le journal affirme qu'il va déposer une plainte auprès du parquet. "Cette plainte est encore en cours de rédaction, elle sera déposée à Paris dans les prochains jours", a indiqué à l'AFP l'avocate en charge de ce dossier, Me Catherine Cohen-Richelet.

Selon l'avocate, "les investigations menées l'ont été dans le cadre d'une enquête administrative, et non judiciaire, et à notre sens c'est illégal".

La société des rédacteurs du Monde (SRM) s'est indignée dans un communiqué "des méthodes utilisées par l'Etat pour tenter d'identifier les sources d'information du journal". Le Syndicat National des Journalistes (SNJ) propose au Monde de se porter partie civile à ses côtés dans la plainte contre X, a annoncé de son coté le syndicat.

L'UMP n'a pas souhaité commenter, lundi, les affirmations du Monde, mais a rappelé "qu'il y a déjà une plainte pour viol du secret de l'enquête". Pour sa part, Benoît Hamon (PS) a demandé que "toute la lumière soit faite" sur la "réalité" ou non d'écoutes téléphoniques au Monde.

"Nous avions une affaire Bettencourt qui est devenue une affaire Woerth qui devient Sarkogate", a déclaré à l'AFP l'eurodéputée Eva Joly (Europe Ecologie).

"La police ne peut être utilisée contre la liberté d'informer", a estimé Reporters sans Frontières. Enfin le Forum des sociétés de journalistes, qui rassemble les SDJ de 32 rédactions, a manifesté lundi "sa plus vive inquiétude" et dénoncé "la mobilisation de l'appareil d'Etat à des fins anti-démocratiques".

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