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Visite de Ban Ki-moon sur fond de tensions entre Kigali et l'ONU

Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, est arrivé mardi au Rwanda au moment où Kigali conteste un projet de rapport de l'Onu laissant entendre que l'armée rwandaise pourrait s'être rendue coupable de génocide au Congo.

AFP - Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon est arrivé mardi au Rwanda pour une visite surprise, a annoncé un porte-parole des Nations unies, en pleine polémique autour d'un rapport accusant Kigali d'exactions en République démocratique du Congo (RDC).

Cette visite, lors de laquelle M. Ban rencontrera le président Paul Kagame, intervient moins d'un mois avant la publication prévue par l'ONU d'un rapport accusant le Rwanda de crimes en RDC entre 1996 et 1998.

"Le secrétaire général a décidé de visiter Kigali pour parler directement au président rwandais et à d'autres fonctionnaires du gouvernement de l'inquiétude concernant le rapport concernant la République démocratique du Congo préparé par le bureau du Haut commissaire aux droits de l'homme", a ajouté le porte-parole.

M. Ban rencontrera également la ministre des Affaires étrangères Louise Mushikiwabo, a précisé le porte-parole adjoint de l'ONU.

La visite du secrétaire général au Rwanda n'avait pas été annoncée. Son annonce a coïncidé avec son arrivée dans ce pays. Il doit rentrer à New York jeudi matin.

L'ONU ne va publier que le 1er octobre le rapport accusant le Rwanda de crimes en RDC, un délai visant à laisser le temps aux "Etats concernés" de faire des commentaires qui seront ajoutés au document, a indiqué jeudi le Haut commissariat aux droits de l'homme.

"A la suite de demandes, nous avons décidé de donner aux Etats concernés un mois supplémentaires pour faire des commentaires sur le projet (du rapport)", a expliqué la Haut commissaire aux droits de l'homme, Navi Pillay, citée dans un communiqué.

Un projet de rapport, dont l'AFP s'est procuré copie, détaille les massacres, viols et pillages commis par des militaires de plusieurs pays et notamment du Rwanda au cours des deux guerres qui se sont déroulées dans l'ex-Zaïre.

Ces informations ont provoqué un tollé à Kigali, qui a menacé de retirer ses 3.550 soldats de la paix au Soudan si le rapport était publié.

Ban Ki-moon a invité le Rwanda à revoir sa position pour ne pas mettre en danger la stabilité dans la région.

Saluant la contribution du Rwanda aux missions de paix, Ban Ki-moon a affirmé jeudi à Vienne qu'il espérait "que cette contribution se poursuivra pour la paix et la sécurité dans la région". "La paix et la sécurité au Darfour et au Soudan ont des implications pour la paix dans toute la région", a-t-il plaidé.

L'opposition rwandaise a de son côté appelé l'ONU à "aller plus loin" pour que les responsables des crimes commis en RDC soient traduits en justice.

"Au vu du rapport de l'ONU accusant le Rwanda de possible génocide en RDC, nous encourageons les Nations unies et la communauté internationale à aller plus loin pour traduire en justice les responsables de tous les crimes de guerre et crimes contre contre l'humanité", écrivent trois partis rwandais regroupés au sein d'une plateforme d'opposition.

Le rapport est "malveillant, choquant et ridicule" a affirmé fin août le gouvernement rwandais. Une version de ce rapport avait été publiée par le journal le Monde et par la BBC, avant sa version finale.

Dans un communiqué transmis sur le site de l'agence rwandaise de presse, le gouvernement a accusé les Nations unies d'avoir laissé publier ce rapport afin de détourner l'attention d'une série de viols commis par les rebelles à proximité d'un camp de casques bleus dans l'est de la RDC.