Luiz Inacio "Lula" da Silva va passer la main après huit ans à la tête du Brésil. Le 3 octobre, les Brésiliens se rendront aux urnes pour élire son successeur. France 24 vous propose de découvrir les principaux candidats à l'élection.
Les Brésiliens élisent leur nouveau chef d’État le 3 octobre. Le président sortant Luiz Inacio "Lula" da Silva – extrêmement populaire – ne briguera pas de troisième mandat, conformément à la Constitution.
Arrivé au pouvoir en 2002, l’ancien syndicaliste a déçu la branche la plus radicale du Parti des travailleurs (PT), qui militait pour une rupture franche avec le modèle capitaliste. Mais le président a conquis de nombreuses autres franges d’un électorat brésilien très diversifié, en mettant sur pied des programmes d’aide sociale et en sortant le pays de la récession.
Neuf candidats sont en lice pour l’élection du 3 octobre. Néanmoins, c’est entre la dauphine désignée de Lula, Dilma Rousseff, et un représentant expérimenté du centre-droit, José Serra, candidat d’une coalition de partis de droite et de centre-droite, que le vote devrait se jouer. Quant à la candidate du Parti vert, Marina Silva, son influence est susceptible de peser au deuxième tour.
Si aucun candidat n’obtient plus de 50 % des voix au premier tour, les Brésiliens retourneront aux urnes le 31 octobre pour départager les deux derniers candidats en lice.
Dilma Rousseff – Parti des Travailleurs (PT)
Dilma Rousseff, 62 ans, pourrait devenir la première présidente du plus grand pays d’Amérique latine. De 2005 à avril 2010, elle a été chef de cabinet du président sortant Luiz Inacio "Lula" da Silva.
Fille d’un immigrant bulgare et d’une mère brésilienne, Dilma Rousseff a eu une enfance plutôt privilégiée. En 1964, alors que la dictature militaire s’instaure dans le pays, elle s’engage au sein d’un mouvement de résistance étudiant. Arrêtée en 1970, elle passe trois ans dans les geôles du régime où elle est torturée.
Une fois libérée, elle poursuit ses études d’économie et décroche son diplôme en 1977. Elle participe à la restructuration du Parti travailliste démocratique (PTD). C’est ainsi qu’en 1991 elle est nommée secrétaire d’État à l’Énergie dans l’État de Rio Grande do Sul, dans le sud du Brésil. En 2002, Lula la propulse à la tête du ministère de l’Énergie, puis la désigne cheffe de son cabinet en 2003.
Elle est considérée comme l’instigatrice du Plan d’accélération de la croissance (PAC), une infrastructure massive visant à stimuler l’économie du pays.
Dilma Rousseff n’a jamais remporté d’élections, mais elle jouit du soutien sans faille du président sortant. Elle promet de poursuivre la politique initiée par Lula, axée sur l’ouverture des marchés et les aides sociales.
José Serra – Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB)
José Serra, 68 ans, a de son côté une longue expérience de la politique. Il a notamment été maire de la ville de Sao Paulo, gouverneur de l’État éponyme et ministre de la Santé, entre 1998 et 2002.
Issu d’une famille très modeste d’immigrés italiens, José Serra a été le premier de sa famille à fréquenter les bancs de l’université. Sous la dictature militaire, il prend la tête d’un syndicat étudiant clandestin. Il est condamné à trois ans de prison par un tribunal militaire, mais réussit à s’échapper. Il trouve refuge au Chili, puis aux États-Unis. Il y obtient un doctorat d’économie au sein de la très prestigieuse Cornell University. Il rentre au Brésil en 1978. Commence alors pour lui une longue carrière politique, au cours de laquelle il est élu député féderal, puis sénateur. Il est ensuite successivement nommé à la tête de deux ministères, sous la présidence de Fernando Henrique Cardoso.
Il se présente pour la première fois à la présidence de la République brésilienne en 2002, où il s'incline très nettement face à Lula. En 2010, il démissionne du gouvernorat de Sao Paulo pour tenter une deuxième fois sa chance à l’élection présidentielle d’octobre.
José Serra a sévèrement critiqué les mandats de Lula pour les faibles progrès réalisés en matière d’ouverture de marchés. Il en a fait l’une de ses priorités et s’est également engagé à étendre l’accès aux soins médicaux à toutes les classes de la population.
Marina Silva – Parti vert (PV)
Marina Silva, 52 ans, est sénatrice de l’État d’Acre, dans le nord-ouest du Brésil. Son parcours est comparable à celui de Lula : elle s’est arrachée à un milieu très pauvre et a gravi les échelons jusqu’à accéder à un statut politique influent. Candidate du Parti vert, Marina Silva n’est pas en position de remporter la présidentielle, mais elle pourrait exercer une influence non négligeable sur le résultat final de l’élection.
Elle grandit dans une famille de onze enfants. Ses parents font partie de la communauté de "seringueiros", des récolteurs de caoutchouc. À l’âge de 16 ans, atteinte de la malaria, elle part se faire soigner dans la ville la plus proche : Rio Branco. C’est là qu’elle apprend à lire et à écrire, puis poursuit des études de psychologie tout en travaillant comme domestique et femme de ménage. Elle devient de plus en plus active au plan politique et crée le premier syndicat de travailleurs de la ville. Puis elle s’engage aux côtés de Chico Mendes, fervent défenseur de la forêt amazonienne. En 1994, à 36 ans, Marina Silva devient la plus jeune sénatrice de l’histoire du Brésil.
En tant que ministre de l’Environnement, Marina Silva joue alors un rôle primordial dans les efforts pour ralentir la déforestation. Elle quitte néanmoins le gouvernement en 2008, à la suite de différends politiques avec Lula. Elle quitte le PT en août 2009.
Marina Silva est membre de l’église évangélique de l’Assemblée de Dieu - une congrégation très populaire au Brésil. La candidate écologiste pourrait donc également devenir la candidate favorite de la communauté évangélique brésilienne, qui est en pleine expansion.