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Fin de la mission de combat en Irak, Obama appelle à "tourner la page"

Dans un discours à la nation, le président Barack Obama a officiellement décrété la fin de la mission de combat de l'armée américaine en Irak. Il a par ailleurs annoncé que la relance de l'économie était à présent sa principale préoccupation.

"L'opération ‘Liberté en Irak’ est terminée, les Irakiens sont désormais responsables de la sécurité de leur pays". C’est sans triomphalisme que Barack Obama a annoncé, mardi dans la nuit, la fin de la mission de combat des troupes américaines en Irak.

Depuis le cadre solennel du bureau ovale de la Maison Blanche, le président a délivré un discours succinct, résolument tourné vers l’avenir. Il a appelé les peuples irakien et américain à "tourner la page" tout en soutenant que son pays avait été "à la hauteur de ses responsabilités". Conscient que les États-Unis ont payé "un lourd tribut", il a salué la mémoire des quelque 4 400 soldats américains qui ont perdu la vie dans le pays, depuis l'invasion de mars 2003 lancée sous le mandat de George W. Bush.

George W. Bush, le prédécesseur

Aux Américains, Barack Obama a tenu un discours de réconciliation, les invitant "à surmonter les divisions engendrées par le conflit irakien". "La grandeur de notre démocratie est fondée dans notre capacité à dépasser nos divergences", a-t-il proclamé. Alors que les spéculations allaient bon train pour savoir s’il allait, ou non, citer George W. Bush, le président a indiqué qu’il l’avait eu dans la journée au téléphone.

"Il est bien connu que lui et moi avons été en désaccord à propos de la guerre dès le début, a déclaré le président. Mais personne ne peut douter du soutien du président Bush à nos troupes, ni de son amour du pays ou de son engagement pour notre sécurité". Autrement dit, fermez le ban.

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Fin de la mission de combat en Irak, Obama appelle à "tourner la page"

Priorité à l'économie

 Sur un ton se voulant rassurant, Barack Obama a profité de la solennité de ce discours – l’un des rares prononcés du Bureau ovale depuis son élection – pour répondre aux inquiétudes de ses compatriotes sur le front intérieur. Après avoir souligné que l'invasion de l'Irak avait "conduit à dépenser de vastes ressources", le président américain s’est ainsi engagé à faire de la relance de l’économie son principal cheval de bataille.

"Au cours de la dernière décennie, nous n'avons pas fait le nécessaire pour consolider les fondations de notre propre économie, a dénoncé le président. Nous avons dépensé plus de 1 000 milliards en Irak, souvent financés en empruntant à l'étranger".

"Aujourd'hui, notre tâche la plus pressante est de réparer notre économie, et de remettre au travail les millions d'Américains qui ont perdu leurs emplois" a-t-il insisté, tandis qu’aux États-Unis la campagne des élections de mi-mandat tourne principalement autour des questions économiques.

De "Liberté en Irak" à "Aube nouvelle"

Si Barack Obama siffle la fin des combats, la présence américaine en Irak reste d’actualité. Elle n’a cependant rien de comparable avec ce qu’elle a été par le passé : au plus fort des violences confessionnelles en 2007, on comptait 170 000 soldats sur place. Après un long processus de retrait graduel, les effectifs sont passés sous la barre symbolique des 50 000 soldats. Les dernières troupes devraient avoir quitté l'Irak avant la fin de l'année 2011.

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Fin de la mission de combat en Irak, Obama appelle à "tourner la page"

Depuis ce mercredi, une nouvelle mission est attribuée aux soldats, baptisée "Aube nouvelle" ("New Dawn"). Elle portera essentiellement sur la formation des forces de sécurité irakiennes. Mais la Maison Blanche a reconnu que les troupes pourraient rencontrer "quelques combats".

"La violence ne prendra pas fin avec notre mission de combat, a ajouté Barak Obama lors de son discours. Les extrémistes vont continuer de faire exploser des bombes, de perpétrer des attentats contre des civils irakiens et d'essayer de semer la discorde. Mais les terroristes ne parviendront pas à leurs fins".

Côté irakien, on affiche son optimisme. Le Premier ministre Nouri al-Maliki a considéré mardi que l'Irak était à présent "un pays souverain et indépendant", tout en assurant que son armée était dorénavant capable d'assurer seule la sécurité, malgré la nouvelle recrudescence de violences et la difficile situation politique.

Presque six mois après les élections législatives, le pays n'a en effet toujours pas de gouvernement, les négociations entre différents partis n'ayant jusqu'ici pas abouti.

Dans son discours, Barack Obama a tenu à encourager les responsables irakiens à former "rapidement" un gouvernement (…) qui soit représentatif de tous les Irakiens".

"Vaincre Al-Qaïda en Afghanistan"

Le président a, en outre, profité de ce discours pour évoquer le dossier afghan et a réaffirmé que le retrait des troupes américaines s'amorcerait à l'été 2011. "Le rythme de retrait de nos troupes sera déterminé par la situation sur le terrain et notre soutien à l'Afghanistan continuera", a cependant précisé Barack Obama.

Ces propos ont pu sonner comme une mise au point aux oreilles du général David Petraeus, commandant des forces américaines et internationales en Afghanistan, qui a déclaré mi-août qu'il se réservait le droit de juger prématuré un retrait à l'été 2011, même s'il "ne considérait pas (cette date comme) contraignante".

Dans une adresse plus particulière au peuple américain, Barack Obama s'est évertué à convaincre que les États-Unis pouvaient l'emporter en Afghanistan sous l'égide du général Petraeus, l'artisan de la stratégie gagnante d'envoi de renforts en Irak.

"Grâce à notre retrait d'Irak, nous pouvons à utiliser des ressources pour passer à l'offensive" en Afghanistan, a explicité le président, qui a rappelé l'objectif ultime de l'intervention en terre afghane: "vaincre Al-Qaïda".