Réunis lors du campus des jeunes de l’UMP à Port-Marly, en banlieue parisienne, les ténors du parti présidentiel ont peiné à afficher leur unité. Le Premier ministre les a appelés à se rassembler en évitant les "états d’âme".
Port-Marly, dans les Yvelines, en banlieue parisienne. L’unité tant espérée à l’occasion du campus des Jeunes de l’UMP n’aura finalement pas eu lieu. Tandis que les absents n'ont pas manqué de faire entendre leurs critiques depuis Paris, les présents n'ont pas caché leur mécontentement face à ces dissensions.
Première personnalité à prendre la parole, Valérie Pécresse, la ministre de l'Enseignement supérieur, a lancé un appel à l’union, tout en affichant une certaine fermeté : "Soit on démissionne, soit on assume. Quand on est dans un gouvernement, on fait une politique, on assume cette politique, on défend et on soutient cette politique".
Secrétaire général de l’UMP, Xavier Bertrand n’a pas non plus mâché ses mots. "Dans notre camp plus qu'ailleurs, on n'aime pas les diviseurs, on n'aime pas les snipers, on n'aime pas ceux qui jouent contre leur camp", a-t-il déclaré, visant Jean-François Copé, Le chef de file des députés UMP, qui a ouvertement regretté "qu'on n'ait pas fait de vraies universités d'été de l'UMP", mais un "campus" de seulement une journée.
Dans son discours de clôture, le Premier ministre François Fillon a donc cru bon de glisser à ses troupes un rappel à l’ordre. La France "doit se rassembler en résistant au retour de ce vieux travers qui consiste à nous diviser sur l'accessoire au lieu d'unir nos forces sur l'essentiel. Et ce rassemblement, il est d'abord valable pour nous-mêmes ! Les petites phrases, les états d'âme, la majorité a le devoir de s'en dispenser", a-t-il lancé.
"Ni stigmatisation, ni surenchère, ni impuissance"
Je parlerai, non pas de rupture [au sein de l'UMP], mais plutôt de réémergence des courants qu’on pensait enterrés.
Bruno Jeanbart, directeur des études politique chez Opinion Way
En prononçant ces mots, François Fillon entendait mettre un terme à la valse de critiques émanant à la fois du gouvernement et de l'UMP depuis le discours prononcé à Grenoble par Nicolas Sarkozy, le 30 juillet. On pense notamment à celles émises par l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin - absent du campus -, qui avait été l'un des premiers ténors de l'UMP à dénoncer la "dérive droitière" des autorités. Ou encore à celles de Fadela Amara, la secrétaire d'État en charge de la politique de la Ville, qui a affirmé ce mardi sur les ondes de la radio RTL : "Je suis évidemment émue par les expulsions de Roms. J'ai toujours été contre les expulsions."
Le Premier ministre a également réitéré ses attaques contre son prédécesseur, Dominique de Villepin, qui, le 24 août, avait qualifié les expulsions de Roms de "tâche de honte" sur le drapeau français. "Qu'un ancien Premier ministre se drape dans le drapeau tricolore pour injurier la politique du chef de l'État n'est pas digne", a-t-il attaqué.
François Fillon a, enfin, de nouveau défendu la politique gouvernementale à l'égard des Roms : "Ni stigmatisation, ni surenchère, ni impuissance : voilà notre ligne de conduite, et je n'accepte pas la posture de ceux qui, insidieusement ou explicitement, dressent des parallèles avec la France des années 1940".
Dans un tel contexte, l'université d’été du parti présidentiel organisée l’an dernier dans les Landes au cours de laquelle tous les membres de la formation affichaient sourire et unité paraît loin. En 2010, le parti majoritaire a connu un été tourmenté avec la déstabilisante affaire Woerth-Bettencourt. Sans compter le discours sécuritaire du président Sarkozy à Grenoble, le 30 juillet, qui n’a pas fait l’unanimité dans les rangs du gouvernement.