Pour éviter de nouvelles erreurs comme celles commises en 2007, le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec) "doit réformer fondamentalement sa structure de direction", préconise l'ONU.
AFP - Le Groupe intergouvernemental d'experts de l'ONU sur l'évolution du climat (Giec) doit se réformer en profondeur s'il veut être crédible et éviter des erreurs comme celles qui figuraient dans son dernier rapport, conclut lundi une enquête remise à l'ONU.
L'enquête, effectuée par le Conseil inter-académique (IAC) composé de 15 académies des sciences de différents pays, ne remet pas en cause les évaluations du Giec sur le changement climatique et les risques encourus par la planète.
Mais le Giec, dont les rapports servent de base aux négociations internationales sur le changement climatique, "doit réformer fondamentalement sa structure de direction et renforcer ses méthodes de travail pour faire face à des évaluations climatiques de plus en plus complexes", ont conclu les enquêteurs.
Rajendra Pachauri, le chef du Giec, a annoncé dans la foulée qu'il remettait son sort entre les mains des Etats membres.
"La méthode utilisée par le Giec pour produire ses évaluations périodiques (sur l'évolution du climat, ndlr) a été dans l'ensemble couronnée de succès", soulignent les enquêteurs.
Mais "je pense que les erreurs faites (par le Giec, ndlr) ont entamé la crédibilité du processus", a estimé le président du IAC, Harold Shapiro.
Le Giec, lauréat du prix Nobel de la paix, a dû admettre en janvier qu'il avait commis une "regrettable erreur" en affirmant, dans son rapport de 2007, que les glaciers de l'Himalaya "pourraient disparaître d'ici à 2035, voire avant".
Il a affirmé également que 55% des Pays-Bas se trouvaient sous le niveau de la mer, au lieu de 26%.
"Travailler sous l'oeil attentif du public comme le fait le Giec requiert une direction forte (...) et un engagement à la transparence", a observé M. Shapiro. "La confiance est une chose qui doit être gagnée chaque année".
La révélation des erreurs du Giec avait renforcé le camp des climato-sceptiques, d'autant que juste avant le sommet de l'ONU sur le climat à Copenhague (décembre 2009), avait éclaté le "Climategate": des milliers de courriels de climatologues liés au Giec avaient été publiés sur internet. Et certains d'entre eux laissaient penser qu'ils avaient dissimulé des données contredisant le réchauffement de la planète.
Une enquête menée en Angleterre sur ce scandale a blanchi début juillet les chercheurs de l'Université d'East Anglia, mis en cause.
En réaction, la commissaire européenne au Climat, Connie Hedegaard, qualifiant les erreurs du Giec de "mineures", a souligné que les recommandations du IAC ne remettaient pas en question "les mises en garde du Giec aux politiques et au monde sur le réchauffement".
Le chef de l'ONU, Ban Ki-moon, a estimé que l'enquête ne remettait pas en cause les éléments fondamentaux de la recherche sur le climat, mais qu'elle rappelait le niveau d'exigence requis dans la méthodologie employée.
"Le secrétaire général estime qu'il est vital que le monde dispose des meilleurs évaluations possibles avec un Giec travaillant au plus niveau de professionnalisme, d'objectivité, de capacité de réaction et de transparence", a indiqué le porte-parole de M. Ban.
Greenpeace s'est félicité des conclusions de l'enquête et a souligné que les récentes intempéries -- inondations au Pakistan, sécheresse en Russie -- prouvaient la réalité du changement climatique. "Le consensus scientifique est sans appel: le changement climatique menace gravement l'avenir de la planète et de l'humanité", a estimé l'organisation.
Aux Etats-Unis, une association scientifique, l'Union of Concerned Scientists, tout en se félicitant des conclusions de l'enquête, s'est prononcée pour le remplacement de M. Pachauri.
Par le passé, des scientifiques ayant contribué aux travaux du Giec ont appelé à une réforme de cet organisme, créé il y a 20 ans, et qui publie tous les 6 à 7 ans un rapport très attendu dont le prochain est prévu en 2014.