Shahnaz Gholami, journaliste iranienne réfugiée en France, a connu en prison Sakineh Mohammadi Ashtiani, condamnée à mort par lapidation. Elle livre à France 24 des souvenirs de cette période et ce qu’elle pense des aveux de la condamnée.
Journaliste et blogueuse iranienne réfugiée en France, Shahnaz Gholami est l’un des rares témoins à avoir connu Sakineh Mohammadi Ashtiani, condamnée à mort par lapidation pour adultère et complicité dans le meurtre de son mari.
Pendant trois mois en 2006, les deux femmes ont partagé la même cellule à la prison de Tabriz dans le nord-ouest du pays. Shahnaz Gholami était au côté de Sakineh Mohammadi Ashtiani quand cette dernière, mère de famille de 43 ans, a pris conscience de la sentence ordonnée par la justice.
"Son foulard est tombé, elle s’est évanouie et les autres prisonnières sont venues pour la soulever et l’aider à reprendre connaissance", se souvient la journaliste.
À l’époque, Shahnaz Gholami purgeait une peine de 16 ans de prison pour ses articles jugés trop critiques par le régime. Elle a pu fuir son pays à la faveur d’une permission de sortie. C’est depuis Paris, où elle vit en exil avec sa fille de 11 ans depuis le mois de juillet, qu’elle a vu début août Sakineh déclarer à la télévision d'État iranienne qu'un homme avec qui elle était intime avait tué son mari en sa présence.
Comme les deux avocats de la condamnée, Shahnaz est persuadée qu’il s’agit d’un montage ou qu'elle a été forcée à faire cet "aveu".
"La dame que l’on a vue était une grosse femme avec un foulard, ses paroles avaient été doublées en persan, à mon avis ça ne peut pas être Sakineh", explique-t-elle avant d’ajouter que, quand bien même ce serait elle, ses aveux ne valent pas grand-chose. "Le régime exerce une très forte pression sur les prisonniers pour faire des aveux publics à la télévision", rapporte la militante féministe.
Samedi, des manifestations de soutien à Sakineh sont prévues dans 100 villes à travers le monde.