
Au terme d’une prise d’otages de 12 heures, la police a tué le forcené qui avait pris le contrôle d’un bus de touristes hongkongais. L'assaillant, un ex-policier limogé, demandait à être réintégré dans ses fonctions. Au moins huit otages sont morts.
Le bilan de la prise d’otages qui a tenu les Philippines en haleine lundi demeure flou. Sur les 15 touristes hongkongais enfermés dans le bus au moment où la police a donné l’assaut, quatre ont été vus quittant le véhicule en vie. Au moins huit personnes sont mortes. Mais aucune information n’est pour l’instant disponible sur les autres otages retenus toute la journée à Manille par Roland Mendoza, un ancien policier qui avait été limogé et qui réclamait d'être réintégré dans ses fonctions.
Le preneur d’otages a, lui, été tué par la police lors de l’assaut, intervenu 12 heures après le début de la prise d’otages. "Il est mort, il avait été contraint de se retrancher à l'avant du véhicule quand les forces spéciales de la police ont attaqué par l'arrière", a déclaré à l'AFP le superintendant Nelson Yabut.
Le forcené, armé d'un fusil d'assaut M16, avait pris le contrôle de l'autocar dans la matinée alors que celui-ci était garé sur le parking d’un parc du centre de la capitale philippine. Le car transportait environ 25 personnes, essentiellement des touristes hongkongais. Durant la journée, sept personnes avaient été libérées. Le conducteur du bus avait, lui, réussi à s’échapper en sautant d’une fenêtre.
Renvoyé pour des infractions liées à la drogue
Roland Mendoza avait été renvoyé de la police en 2008 pour vol, extorsion et d’autres infractions liées à la drogue. "Il avait ainsi perdu le statut qui lui permettait de faire vivre les siens, non pas grâce à son salaire - les salaires des fonctionnaires sont très bas aux Philippines - mais grâce à la corruption", explique Cyril Payen, l'envoyé spécial de FRANCE 24 à Manille.
"Il est évident que l’intéressé n’aurait pas pu espérer réintégrer la police après une prise d’otages, cela prouve à mon avis qu’il ne jouissait pas de toutes ses facultés", analyse de son côté Yves Bonnet, président du Centre international de recherches et d'études sur le terrorisme et l'aide aux victimes du terrorisme (Ciret).
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Alors que la police était présente sur les lieux quasiment dès le début de la prise d’otages, son inefficacité est montrée du doigt. Pourquoi a-t-elle négocié si longtemps avec un individu dont les demandes aberrantes semblaient montrer qu’il était en train de commettre un acte suicidaire ? " A ce que l’on voit sur les images, il est évident que le problème n’a pas été traité comme il aurait dû l’être", estime Jacques Bessy, ex-commandant du Groupe d´intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), l’unité d’élite spécialisée dans les prises d’otages en France. Jacques Bessy évoque "un manque de préparation et d’entraînement" de la police philippine. Il fallait "un nombre limité de policiers, d’excellents tireurs et une ouverture très brutale de la porte", explique-t-il.
"Les prises d’otages, un sport national"
L’affaire a en outre été traitée avec "une énorme prudence de la part des forces de sécurité car il s’agissait de la vie de touristes, ajoute Cyril Payen. L’archipel a un grand potentiel touristique et on essaie de faire le moins de vagues possibles quand il s’agit de touristes étrangers - ils ne sont déjà pas très nombreux sur place en raison de la réputation sombre des Philippines en matière de criminalité." "Les prises d’otages sont ici une sorte de sport national, très utilisées par les gangs et les criminels, mais cela faisait plusieurs années que des touristes n’avaient pas été pris pour cible, ce qui explique que les forces de sécurité ont réfléchi à deux fois pour gérer la situation", poursuit le journaliste.
A l’issue de la prise d’otages, les autorités de Hong Kong ont demandé à leurs résidents d’éviter de voyager aux Philippines.