
La Première ministre japonaise Sanae Takaichi (gauche) et le président américain Donald Trump passent en revue des soldats japonais, le 28 octobre 2025 à Tokyo. © Andrew Caballero-Reynolds, AFP
Promesse d'un "nouvel âge d'or", accord sur les terres rares et échanges très chaleureux : la Première ministre japonaise Sanae Takaichi a soigné mardi 28 octobre sa première rencontre avec Donald Trump, lequel l'a assurée que Washington était le plus solide des alliés de Tokyo.
Le Japon est la deuxième étape de la tournée du président américain en Asie, après la Malaisie et avant la Corée du Sud, où aura lieu jeudi sa rencontre la plus attendue du voyage, avec son homologue chinois Xi Jinping, censée sceller un compromis commercial entre les deux puissances.
Un test diplomatique à forts enjeux pour Sanae Takaichi, première femme à gouverner le Japon. En poste depuis seulement une semaine, elle dispose d'un atout dans son jeu : sa proximité avec l'ancien Premier ministre japonais Shinzo Abe, son mentor, assassiné en 2022... et dont Donald Trump lui-même était devenu proche pendant son premier mandat.
La dirigeante japonaise a remercié mardi Donald Trump pour son "amitié durable" avec Shinzo Abe. "J'ai été très impressionnée et inspirée par vous", a-t-elle aussi lancé à Donald Trump. Sanae Takaichi a également indiqué vouloir ouvrir "un nouvel âge d'or" des relations nippo-américaines, alors que Tokyo fait face à la montée en puissance militaire de son voisin chinois - et qu'il subit les surtaxes douanières de Washington.
"Je tiens à vous assurer que ce sera une relation privilégiée. Sachez que (...) si vous avez besoin de quoi que ce soit, si je peux aider, nous serons là. Nous sommes un allié au plus haut niveau", l'a rassuré Donald Trump en début d'entretien. Selon une déclaration des deux dirigeants, Tokyo et Washington "feront de nouveaux pas vers un nouvel âge d'or" de leur alliance "toujours plus grande".
Selon la Maison Blanche, Sanae Takaichi a par ailleurs indiqué son intention de recommander le dirigeant américain pour le prix Nobel de la Paix - devenu une obsession pour Donald Trump.
Accord sur les terres rares
Signe de proximité, les deux pays ont signé mardi un accord-cadre pour "sécuriser" leurs approvisionnements de terres rares et minéraux critiques, via une étroite coopération et des soutiens financiers. Et ce peu après que Pékin a adopté des restrictions drastiques sur ses exportations de ces matériaux essentiels pour les industries de pointe et sur lesquels la Chine exerce un quasi-monopole.
En matière de défense, Donald Trump, adepte du donnant-donnant, exige que les alliés des États-Unis musclent leurs dépenses militaires pour continuer à bénéficier de la protection américaine - et en particulier le Japon, où quelque 60 000 militaires américains sont stationnés. Donald Trump rendra d'ailleurs visite mardi à certains à bord du porte-avions USS George Washington, au large de Tokyo.
Soucieuse de ménager Washington, Sanae Takaichi avait annoncé vendredi que le Japon porterait à 2 % du PIB son budget de défense dès l'exercice fiscal actuel, avec deux ans d'avance.
Également pour mettre le milliardaire de 79 ans dans les meilleures dispositions, son hôte lui a offert des clubs de golf ayant appartenu à Shinzo Abe et des balles de golf plaquées or. Tokyo pourrait aussi dévoiler l'achat d'une centaine de pick-up Ford F-150, dans un geste de bonne volonté commerciale.
Pour sa part, Donald Trump a rencontré mardi des familles de Japonais enlevés par la Corée du Nord, un sujet extrêmement sensible dans l'archipel.
Droits de douane sur l'automobile
Le commerce domine également cette rencontre. Le Japon et les États-Unis ont déjà trouvé cet été un compromis commercial, mais certains points restent en suspens. Washington a abaissé mi-septembre à 15 % les droits de douane totaux sur les automobiles japonaises, jugés encore trop élevés par les constructeurs. Le secteur est crucial pour les exportations et l'économie nippones.
Autre sujet de discussion : la forme que prendront les 550 milliards de dollars d'investissements nippons sur le sol américain, prévus dans l'accord conclu en juillet. À rebours de propos de Donald Trump, Tokyo avait estimé que seuls 1 à 2 % du montant seraient des investissements directs réels, le reste étant constitué de prêts et garanties de prêts.
Selon la télévision NHK, Tokyo et Washington devaient aussi signer un protocole d'accord sur la construction navale, secteur où les États-Unis entendent rattraper leur retard.
Après Tokyo, Donald Trump se rend mercredi en Corée du Sud, où il rencontrera jeudi Xi Jinping, en marge d'un sommet des pays de l'Asie Pacifique (Apec). Un entretien où est attendue la conclusion d'une trêve dans la guerre commerciale que se livrent Pékin et Washington à coups de droits de douane et de restrictions diverses.
Avec AFP
