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La Maison Blanche souhaite que le Libyen Al-Megrahi retourne en prison

Le conseiller du président Barack Obama pour l'antiterrorisme, John Brennan (photo), a affirmé vendredi que la libération survenue l'an passé du seul condamné dans l'attentat de Lockerbie était "malvenue" et "inappropriée".

AFP - La décision des autorités écossaises de libérer il y a un an le Libyen Abdelbaset al-Megrahi, condamné pour l'attentat de Lockerbie, était "malvenue", a affirmé vendredi le conseiller du président Barack Obama pour l'antiterrorisme, John Brennan.

Cette libération était "malvenue, inappropriée et mauvaise", a affirmé M. Brennan lors d'un point de presse à Vineyard Haven (Massachusetts, nord-est) sur l'île de Martha's Vineyard où M. Obama passe 10 jours de vacances en famille.

"Notre ferme conviction (est) que Megrahi devrait purger la fin, l'ensemble, de sa peine dans une prison écossaise. Nous continuerons à réitérer cette position aux autorités écossaises", a souligné le conseiller présidentiel.

Sa déclaration intervient le même jour que l'envoi, par quatre sénateurs américains, d'une lettre aux dirigeants de la Libye, de l'Ecosse et du Qatar, demandant une enquête sur d'eventuelles pressions commerciales ayant mené à la libération du seul condamné dans l'attentat de Lockerbie (1988).

Dans cette lettre, les sénateurs démocrates Robert Menendez, Frank Lautenberg, Charles Schumer et Kirsten Gillibrand mettent en doute les raisons médicales invoquées par le gouvernement écossais pour libérer Abdelbasset Al-Megrahi il y a tout juste un an.

"M. al-Megrahi est toujours en vie un an après sa libération", fait valoir la missive, rappelant que le condamné avait été jugé "atteint d'un cancer en phase terminale" lors de son départ pour la Libye.

"Le ministre écossais de la Justice, Kenny MacAskill, avait assuré qu'aucune considération politique, économique ou diplomatique n'avait entravé sa décision (...) mais beaucoup de questions demeurent", poursuit le document.

"Les familles des victimes du vol Pan Am 103 (qui s'était écrasé sur le village écossais de Lockerbie en 1988, tuant 270 personnes, dont 189 Américains) se demandent toujours si des questions commerciales entre la Libye, le Qatar et l'Ecosse n'ont pas joué un rôle dans la libération", indique la lettre.

Le document rappelle que le Qatar avait octroyé en 2008 d'importantes aides publiques à l'Ecosse avant de demander en 2009, par la voie de Cheikh Hamad ben Khalifa Al-Thani --alors président de la Ligue arabe-- la libération du Libyen.

"Le fils du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi avait par ailleurs reconnu que le cas de Megrahi était crucial pour l'avenir de la coopération (avec la Libye), notamment pour la compagnie pétrolière BP", a souligné M. Menendez.

Exaspérés par les "manoeuvres dilatoires" attribuées à BP et aux gouvernements britannique et écossais, des sénateurs ont même lancé un appel à la délation pour obtenir des informations sur d'éventuelles tractations secrètes liées à la libération d'Abdelbaset al-Megrahi.

BP est soupçonné d'avoir joué de son influence pour obtenir la libération du condamné et un permis d'exploration de 900 millions de dollars au large de la Libye. BP et les deux gouvernements concernés ont démenti cette accusation.

Le Libyen est le seul condamné pour l'attentat. Les sénateurs, qui ont promis l'anonymat à qui l'exigerait, souhaitent obtenir le plus d'informations possibles avant l'audience publique que prépare en septembre sa commission des Affaires étrangères.