Le ministre de l'Immigration, Éric Besson, précise que quelque 850 Roms, au total, devraient être reconduits dans leur pays d'ici à la fin août. Critiquée par l'ONU à ce propos, la France "n'a pas de leçon à recevoir", a-t-il ajouté.
AFP - La France a renvoyé jeudi vers Bucarest plusieurs dizaines de Roms, premières expulsions depuis l'annonce par le président Nicolas Sarkozy de mesures sécuritaires visant cette population pour laquelle la Roumanie réclame un plan d'intégration européen.
Le ministre français de l'Immigration, Eric Besson, a annoncé lors d'un déplacement à Washington que 86 Roms avaient quitté la France jeudi, dont 61 au départ de Lyon (centre-est de la France) et 25 au départ de l'aéroport parisien de Roissy.
Auparavant, la police aux frontières française avait indiqué que 70 personnes avaient été rapatriées, dont 61 de Lyon et neuf de Paris. Le ministère roumain de l'Intérieur avait évoqué initialement le chiffre de 93.
Des familles avec enfants transportant de grosses valises et des sacs de jute sont arrivées à l'aéroport Aurel Vlaicu de Bucarest, a constaté une journaliste de l'AFP.
Nombre des 61 Roms arrivés par le vol de Lyon ont indiqué avoir vécu à Grenoble (est de la France) et rentrer à Petrosani (ouest de la Roumanie).
it"Bien sûr qu'on pense à revenir en France. La vie est meilleure qu'en Roumanie là-bas, même quand on devient illégal", a confié à l'AFP Ionut Balasz, 26 ans.
"Aujourd'hui, ce sont 86 personnes qui ont quitté la France sur une base dite de retour volontaire", dont 61 parties de Lyon et 10 plus 15 parties de Roissy sur deux vols commerciaux, a détaillé M. Besson lors d'un point de presse à Washington.
Il a indiqué que 139 personnes devaient quitter Paris vendredi pour la Roumanie ou la Bulgarie "sur une base dite de retour volontaire".
D'ici la fin du mois d'août, le nombre des personnes "reconduites dans leurs pays d'origine" devrait atteindre "à peu près 850", a déclaré le ministre.
"Chacune des personnes éloignées a fait l'objet d'un examen individuel quant aux conditions de son séjour en France", a assuré le gouvernement français. Il répondait à la Commission européenne, qui a rappelé que Paris "doit respecter les règles" sur la liberté de circulation et d'établissement dans l'Union européenne.
Paris a aussi été critiqué à l'ONU sur cette question, et plus généralement sur le lien établi entre immigration et insécurité par M. Sarkozy.
M. Besson a répliqué dans la soirée que la France n'avait "pas de leçons à recevoir".
"La France est le pays d'Europe le plus respectueux en matière de droits des étrangers et notamment des étrangers en situation irrégulière, ou - soyons plus modestes - l'un des pays les plus respectueux, donc nous n'avons pas de leçons à recevoir", a déclaré le ministre, interrogé par la chaîne de télévision France 2 depuis Washington.
it"Nous avons accordé l'année dernière 170.000 titres de longs séjours. Nous sommes devenus le deuxième pays au monde après les Etats-Unis en matière d'asile", a souligné M. Besson.
Le président roumain Traian Basescu a réclamé jeudi un programme européen d'intégration des Roms, une demande formulée par la Roumanie depuis 2008.
"J'invite la Commission européenne à mobiliser son énergie, ses efforts, ses crédits dans des programmes de réinsertion durable et d'intégration effective de la communauté rom", a déclaré peu après le ministre français de l'Intérieur, Brice Hortefeux.
A la suite d'un fait divers qui concernait des Tziganes français, le gouvernement avait annoncé le démantèlement de la moitié des camps illégaux en France dans les trois mois et une reconduite vers la Bulgarie ou la Roumanie des Roms ayant "commis des atteintes aux biens ou des fraudes".
Les Roms partis jeudi ont accepté l'aide au retour volontaire proposée par la France: 300 euros par adulte et 100 euros par enfant mineur.
Les vols de jeudi étaient les 25e, 26e et 27e rapatriements de ce genre depuis le début de 2010, a précisé M. Besson.
Les Roms seraient 15.000 en France, où ils vivent souvent dans des squats, accusés pour certains par les autorités de se livrer à divers trafics ou d'exploiter des enfants à des fins de mendicité.
Cette question provoque des tensions entre Paris et Bucarest, le ministre des Affaires étrangères Teodor Baconschi s'étant déclaré inquiet de "risques de dérapage populiste" et de "réactions xénophobes".
Les Roms sont entre 530.000 et 2,5 millions en Roumanie. Si Bucarest a fait des progrès dans l'accès à l'éducation, les Roms souffrent encore de discriminations sur le marché du travail et dans le domaine du logement.