Le Parlement libanais a voté une loi autorisant les réfugiés palestiniens qui vivent au Liban à exercer quasiment tous les métiers. Pas question toutefois de leur accorder le droit d'accéder à la propriété...
Ouvrier dans l’agriculture ou dans le bâtiment : ce sont les professions majoritairement exercées aujourd’hui par les réfugiés palestiniens qui vivent au Liban. Cette situation, dénoncée par les associations des droits de l’Homme depuis des années, va changer : la loi votée ce 17 août autorise ces réfugiés à exercer quasiment tous les métiers. Quatre professions leur restent toutefois fermées. "Il s’agit des professions d’avocat, médecin, pharmacien et ingénieur, pour lesquelles il existe des ordres professionnels. Ce sera à ces derniers de trancher", précise Isabelle Dellerba, correspondante de FRANCE 24 à Beyrouth.
Selon l’ONU, environ 400 000 réfugiés palestiniens vivent dans ce pays de 4 millions d’habitants, soit dans les villes, soit dans les camps de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens. Le terme "réfugié palestinien" se rapporte, selon la définition onusienne, aux personnes qui vivaient en Palestine entre le 1er juin 1946 et le 15 mai 1948 et qui ont perdu leur domicile ainsi que leur moyen de subsistance dans le conflit de 1948. Une définition qui s’applique également à leurs descendants.
Blocages confessionnels
La proposition de loi adoptée a été déposée par le groupe parlementaire du leader druze Walid Joumblatt et a suscité de vifs débats entre les élus. Mais la principale revendication des Palestiniens demeure le droit à la propriété. "Les réfugiés palestiniens ne sont aujourd’hui pas tout à fait satisfaits", explique Isabelle Dellerba. Sur ce point, les discussions ont été repoussées sine die. Car, comme l’explique la correspondante de FRANCE 24, "c’est là qu’intervient le problème confessionnel. Les Palestiniens sont en majorité musulmans, et les autres confessions au Liban, les chrétiens essentiellement, ne veulent surtout pas qu’ils finissent par s’implanter car cela bouleverserait l’équilibre confessionnel dans le pays."
"Les Libanais n’ont pas une approche humaniste des Palestiniens, ils disent que ce sont des fauteurs de troubles et que le pays n’a pas besoin de problèmes supplémentaires", estime de son côté Joumana Mehri, militante libanaise des droits de l’Homme interviewée par FRANCE 24. Certains Libanais ont notamment en mémoire les violences de 2007 dans le camp de Nahr-el-Bared, au nord du pays. Les camps ont alors été considérés par certains comme des zones de non-droit, perméables aux extrémistes.
"Je suis persuadé que donner des droits économiques et sociaux aux Palestiniens faciliterait leurs conditions de vie au Liban et diminuerait l’attrait des groupes radicaux", conclut pour sa part Paul Salem, directeur du Centre Carnegie pour le Moyen-Orient.