
À Bichkek, les forces de l'ordre ont dispersé près de 1 500 partisans de l'opposant Ourmat Baryktabassov. "Un coup d'État armé était en cours de préparation. Il a été établi que des armes ont été distribuées", assurent les autorités.
AFP - Les autorités du Kirghizstan ont assuré jeudi avoir déjoué une tentative de coup d'Etat après avoir dispersé des rassemblements de partisans d'un opposant, dans ce pays d'Asie centrale confronté à des vagues successives de violences depuis une révolution en avril.
Environ 1.500 partisans de l'homme d'affaires et opposant Ourmat Baryktabassov se sont réunis jeudi devant le Parlement à Bichkek pour réclamer que leur chef soit placé à la tête du gouvernement.
Puis quelque 2.000 autres manifestants se sont rassemblés à Novo-Pokrovaka, à 15 km de la capitale kirghize, après que M. Baryktabassov a été interpellé. La police a tiré en l'air afin de disperser les protestataires, qui sont partis sans opposer de résistance.
Le gouvernement kirghiz, arrivé au pouvoir en avril à l'issue d'une révolution sanglante, a ensuite accusé l'homme d'affaires d'avoir cherché à fomenter un coup d'Etat. Il est déjà poursuivi depuis juin 2005 pour avoir tenté de renverser le régime en place à l'époque.
"Un coup d'Etat armé était en cours de préparation. Il a été établi que des armes ont été distribuées : des grenades, des carabines, des pistolets et autres", a déclaré à la télévision nationale le ministre de l'Intérieur, Koubatbek Baïbolov.
"La situation dans la ville est sous contrôle et nous ne permettrons aucune forme de déstabilisation", a-t-il ajouté. Jeudi soir, les manifestants avaient quitté la place faisant face au Parlement à Bichkek.
Libéré sans explication jeudi peu après son interpellation, M. Baryktabassov a ensuite été déclaré en fuite et un mandat d'arrêt a été émis contre lui. Le gouvernement a finalement indiqué qu'il avait été arrêté près de Bichkek avec 6 de ses partisans.
Un conseiller de la présidente Rosa Otounbaïeva, Toptchoubek Tourgounaliev, a raconté que lors de négociations avec l'homme d'affaires, qui dirige aussi un petit parti politique, ce dernier avait réclamé d'être nommé à la tête du gouvernement.
"Baryktabassov a réclamé que la manifestation à Bichkek puisse avoir lieu sans entraves, que toutes les affaires criminelles le visant soient classées et, troisièmement, qu'il soit nommé immédiatement Premier ministre du Kirghizstan", a-t-il expliqué.
Cette ex-république soviétique peine à se stabiliser depuis la révolution qui a chassé du pouvoir le président Kourmanbek Bakiev. Le pays a depuis été secoué par plusieurs vagues de violences, qui ont culminé en juin avec des affrontements ethniques qui ont fait jusqu'à 2.000 morts dans le Sud du pays, plus de 350 selon les bilans officiels.
M. Baryktabassov est poursuivi depuis juin 2005 après que des milliers de ses partisans ont tenté de prendre d'assaut le siège du gouvernement pour protester contre l'interdiction faite à leur leader de se présenter à l'élection présidentielle.
Il n'avait pas été autorisé à participer à ce scrutin car il disposait d'une double nationalité kirghize et kazakhe, ce qui est illégal selon la législation du Kirghizstan. L'homme d'affaires était en fuite depuis 2005 et n'est revenu que récemment dans son pays.
M. Beknazarov a par ailleurs indiqué jeudi que le Kazakhstan avait réclamé l'extradition de l'homme d'affaires recherché pour des crimes économiques.