Les gardes à vue des quatre personnes interpellées à l'issue d'une descente de police dans le quartier de la Villeneuve, à Grenoble, ont été prolongées. Mercredi soir, le quartier a reçu la visite du ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux.
Les gardes à vue de trois des quatre suspects âgés de 15, 19 et de 24 ans, vont être prolongées jeudi matin, le quatrième âgé de 17 ans ayant été libéré, a-t-on précisé de source judiciaire. L'éventuelle présentation des suspects à la juge d'instruction sera décidée jeudi après-midi.
Leurs interpellations se sont déroulées dans le cadre de l'enquête sur le braquage, à la mi-juillet, du casino d'Uriage-les-Bains (Isère). La mort de l'un des braqueurs, Karim Boudouda, 27 ans, abattu par la police au cours d'un échange de tirs, avait entraîné trois nuits de violences urbaines à la Villeneuve, dont était originaire le jeune homme.
Les arrestations, opérées sur commission rogatoire de la juge, se sont déroulées dans le calme. Selon des sources proches du dossier, le complice en fuite de Boudouda ne figure pas parmi les gardés à vue, d'autant que l'opération de police visait, au départ, six suspects.
"La police judiciaire procède à un certain nombre d'investigations dont le but est d'identifier le complice de Karim Boudouda", a déclaré une source proche de l'enquête aux journalistes qui l'interrogeaient sur l'arrestation éventuelle de ce complice.
Le mineur de 15 ans serait actuellement auditionné "dans l'espoir de connaître l'identité du complice" de Boudouda, a affirmé à l'AFP son avocat, Claude Coutaz, rapportant les propos de sa famille.
Les interpellations ont été notamment menées par le Raid et le Groupe d'Intervention de la Police nationale (GIPN) et entrait dans le cadre de l'information judiciaire ouverte après le braquage. L'enquête a été confiée à la police judiciaire de Grenoble.
Les arrestations ont été décidées sur la base d'indices matériels (empreintes digitales notamment) de la police scientifique ainsi que d'analyses balistiques, a assuré à l'AFP le responsable en Isère du syndicat Unité SGP Police-Force ouvrière, Daniel Chomette.
Les enquêteurs semblent "convaincus" qu'un "réseau" de malfaiteurs est à l'origine du braquage, a-t-il ajouté.
Une trentaine de voitures aux vitres teintées emportant des hommes du GIPN et des véhicules de Compagnies républicaines de Sécurité (CRS) avaient quitté peu avant 6H00 l'hôtel de police pour la Villeneuve, où ils sont arrivés dans la discrétion, a constaté une journaliste de l'AFP.
Des opérations ont été conduites simultanément en plusieurs lieux, des policiers du Raid et du GIPN pénétrant dans des immeubles gardés par des CRS.
C'est dans l'un de ces immeubles, situé près de la galerie marchande où a été tué Boudouda, que les quatre arrestations ont été opérées. Des perquisitions ont également eu lieu sans grand résultat en dehors de téléphones portables "en cours d'exploitation", selon une source proche de l'enquête.
Brice Hortefeux a patrouillé avec la Brigade anticriminalité
Le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a effectué mercredi soir une patrouille avec la Brigade anticriminalité (BAC) de Grenoble dans les quartiers sensibles de la ville.
M. Hortefeux a effectué ces patrouilles en dehors de toute présence des media qui n'avaient pas été prévenus, alors qu'il était arrivé à Grenoble en fin d'après-midi mercredi, avant d'installer, jeudi matin, le Groupe d'intervention régional (GIR) de l'Isère.
Plusieurs policiers de la Bac grenobloise avaient fait l'objet de menaces de mort à la suite de la mort du braqueur.
Accompagné du nouveau préfet de l'Isère Eric le Douaron, le ministre s'est également rendu dans les quartiers Renaudie, Mistral, Teisseire, Arlequin, a précisé l'intérieur dans un communiqué publié à l'issue de la visite.
Par cette visite, Brice Hortefeux "a voulu exprimer tout son soutien" aux policiers" de la BAC qui, "en dépit des menaces de mort et des tirs à balles réelles qu'ils avaient alors essuyés, avaient gardé un sang-froid exemplaire et agi avec le plus grand professionnalisme pour rétablir l'ordre public", ajoute-t-on de même source.
Hortefeux a "volontairement choisi d'effectuer cette patrouille dans la discrétion, en dehors de la présence des media, afin que la parole soit plus libre et que les (policiers) puissent dialoguer avec lui directement et sans écran", explique la Place Beauvau.
Au cours de son déplacement, le ministre est allé à la rencontre des CRS présents sur le terrain depuis ces incidents et il a également assisté à des contrôles de véhicules.