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Des touristes français bloqués à Potosi, pris dans la tourmente d'un mouvement social

Des manifestants, en grève depuis une semaine, bloquent les routes menant à la ville de Potosi, dans le sud-ouest de la Bolivie. Des dizaines de touristes, dont des Français, sont bloqués dans leurs hôtels alors que la situation s'aggrave.

Des dizaines de touristes, français et étrangers, sont bloqués dans leurs hôtels de la ville de Potosi (sud-ouest de la Bolivie) en raison de l'aggravation d'un mouvement social. Depuis une semaine, les manifestants avancent six revendications, dont la résolution du problème de frontières avec le département voisin d'Oruro. Les protestataires bloquent notamment plusieurs routes à l'entrée et à la sortie de la ville, empêchant toute circulation et coupant le principal axe routier avec l'Argentine voisine.

"C’est l’anarchie complète"

Le mouvement s'est encore radicalisé ce mardi. Selon plusieurs médias locaux, près de 100 000 personnes ont défilé dans la rue à l'appel du Comité civique de Potosi, qui chapeaute la contestation. Ils ont ensuite obligé les autorités locales à tenir un conseil municipal, qui s'est soldé par des violences.

"Ici, c'est l'anarchie complète, témoigne Mme Giniot, une touriste française bloquée à Potosi et jointe par téléphone par FRANCE 24. La police et l'armée ont perdu le contrôle de la situation. La situation est très grave depuis vendredi, mais hier c'était pire que d'habitude. J'ai entendu des explosions de dynamite jusqu'à 4 heures du matin. Les mineurs étaient dans la rue. Le gouverneur a été aggressé, il a reçu un coup de pierre sur la tête et a quitté la ville. Je suis allée voir les militaires, ils m'ont dit qu'ils ne sortaient pas car ils avaient peur."

Lors de la manifestation de mardi, des responsables politiques ont en effet été aggressés et des bâtiments attaqués. Par ailleurs, quatre parlementaires de Potosi ont entamé mardi une grève de la faim afin que le gouvernement envoie une délégation de ministres à Potosi, pour pacifier la région et initier le dialogue.

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Des touristes français bloqués à Potosi, pris dans la tourmente d'un mouvement social

"Nous sommes complètement bloqués, nous avons un avion à prendre prochainement et ne savons pas comment faire, poursuit Mme Giniot. Le consulat français nous dit qu'il faut attendre. Mais nous sommes désespérés, les gens perdent patience."

"Notre ambassade à La Paz est en contact avec nos compatriotes français dans les hôtels, a indiqué de son côté la porte-parole adjointe du Quai d'Orsay, Christine Fages, sur FRANCE 24. Nous leur conseillons pour le moment de ne pas tenter de sortir de la ville et de rester dans leurs hôtels."

Un conflit vieux de 50 ans

Le Comité civique de Potosi, qui regroupe plusieurs organisations sociales et syndicales, réclame notamment la délimitation de la frontière avec le département voisin d'Oruro, la construction d'une usine de ciment, la réhabilitation d'une usine de zinc et l'aménagement d'un aéroport.

Le conflit frontalier entre les départements de Potosi et d'Oruro dure depuis plus de 50 ans. La récente promesse du gouvernement d'installer une usine de ciment dans la région a réactivé les tensions.

De son côté, le gouvernement estime que le mouvement de protestation est dirigé par le maire d'opposition, René Joaquino, pour éviter une procédure judiciaire pour fraude fiscale.

Numéro de la cellule de crise du Quai d’Orsay : 01.53.59.11.10

(crédit photo : elpotosi.net)