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Malgré une sérieuse crise budgétaire et une plan d'austérité censé regagner la confiance des marchés, l'économie grecque s'en sort mieux que prévu, selon les analystes. La récession continue toutefois de menacer le pays.

REUTERS - L’économie grecque va mieux après la crise de la dette souveraine qui a durement frappé le pays, mais la reprise n’est toujours pas à l’ordre du jour, estiment des économistes qui s’appuient sur les statistisques du secteur manufacturier publiées lundi.

Les efforts déployés par la Grèce pour regagner la confiance des marchés reposent toujours sur la réduction du déficit budgétaire et de la dette, ainsi que sur la mise en oeuvre de réformes structurelles capables de soutenir la croissance.

La reprise de l’économie mondiale a permis de faire progresser les exportations grecques et de compenser ainsi le ralentissement de l’économie du pays. Le groupe de métallurgie Viohalco, premier exportateur grec, a ainsi annoncé une hausse annuelle de 8,9% de ses ventes au premier trimestre, grâce à une plus forte demande européenne.

Les analystes estiment que l’économie grecque devrait cette année se contracter moins que ce que prévoient l’Union européenne et le Fonds monétaire international, qui ont anticipé une contraction de 4% du produit intérieur brut (PIB) grec.

Mais l’impact du plan d’austérité pourrait toutefois peser sur la reprise dans les années à venir.

"Il y a de grandes chances que la récession ne soit pas aussi importante", explique Ben May, économiste chez Capital Economics, qui table sur un recul de 3,5% du PIB cette année.

"La plus grande menace pour l’économie, ce n’est pas un effondrement brutal, mais une récession qui n’en finirait pas"

Hausse de l’activité manufacturière

La reprise économique est indispensable pour que la Grèce puisse honorer sa dette à l’expiration en 2012 de l’aide de 110 milliards d’euros accordées par le FMI et l’UE. D’ici là, la dette grecque devrait avoir atteint 150% du PIB du pays.

L’indice PMI d’activité dans le secteur manufacturier grec est ressorti en amélioration pour le deuxième mois consécutif en juillet, après avoir atteint un plus bas de 13 mois à 41,8 en mai. Même s’il dénote toujours une contraction d’activité, l’indice a grimpé à 45,3 contre 42,2 en juin.

Les analystes estiment ainsi que l’économie grecque s’en sort mieux que prévu.

"Les chiffres font passer un message, celui d’une récession grave, mais pas aussi grave qu’on l’a craint et qui pourrait avoir trouvé son point bas", a commenté Giada Giani, économiste de Citigroup.

Une contraction moins sévère pourrait également faciliter la réductions des déficits qu’Athènes veut réaliser cette année. Malgré la récession, le gouvernement de George Papandréou a réduit de 45% son déficit budgétaire au premier trimestre après la mise en oeuvre de mesures draconiennes de hausses de taxes et de réductions de salaires dans le secteur public.

La Grèce a promis de réduire son déficit pour le ramener à 8,1% du PIB contre 13,6% en 2009.

"Je pense que le déficit devrait être légèrement supérieur à 8,1%, mais ils peuvent atteindre (cet objectif) s’ils prennent davantage de mesures l’année prochaine", a jugé Ben May.

Selon des représentants du gouvernement, une délégation de l’UE et du FMI chargée d’examiner les comptes publics grecs a mis certains des problèmes budgétaires grecs sur le compte de la difficulté rencontrée par Athènes dans le recouvrement d’impôts et de taxes.

L’Union européenne et le FMI pensent que le pays pourrait renouer avec la croissance en 2011, les mesures du gouvernement étant jugées de nature à doper la confiance des investisseurs.

Cette opinion est toutefois considérée comme trop optimiste par certains économistes, qui craignent que l’austérité n’ait de graves conséquences sur la consommation.