Arrivé dimanche à Paris, Asif Ali Zardari doit se rendre à Londres mardi. Une visite qui s'annonce tendue après les propos du Premier ministre britannique David Cameron qui, en visite en Inde, avait accusé Islamabad de soutenir le terrorisme.
Ils n’accompagnent finalement pas Asif Ali Zardari dans sa tournée européenne. Les dirigeants des services de renseignement pakistanais, notamment le général Ahmad Shuja Pasha, ont annulé leur visite à Londres pour protester contre les récents propos du Premier ministre britannique, David Cameron, qui a déclaré mercredi dernier ne pouvoir "tolérer" que le Pakistan soit "autorisé à promouvoir l’exportation de la terreur". Des propos d’autant plus mal reçus à Islamabad qu’ils ont été tenus en Inde, voisin et principal rival du Pakistan.
Cette déclaration intervient quelques jours après la publication par le site WikiLeaks de documents américains classifiés qui établissent clairement des liens entre le Direction pour le renseignement inter-services (ISI) pakistanais et les Taliban afghans.
Cependant, malgré les appels de l’opposition et des manifestations au cours desquelles des effigies de David Cameron ont été brûlées, le président pakistanais Asif Ali Zardari a, lui, maintenu son voyage à Londres et s'entretiendra mardi avec le Premier ministre britannique.
Une première étape parisienne
Auparavant, la délégation pakistanaise doit passer deux jours à Paris. À l’occasion de sa deuxième visite d’État en France depuis qu’il a été élu président en 2008, Asif Ali Zardari doit négocier des contrats et s’entretenir avec le président français Nicolas Sarkozy.
Dans un communiqué, le ministère français des Affaires étrangère précise que "cette visite permettra d’aborder les questions de sécurité et de lutte contre le terrorisme, la situation régionale ainsi que [notre] coopération économique", dans le but "de renforcer la relation bilatérale avec le Pakistan".
Les deux pays avaient initié un rapprochement significatif lors de la précédente visite du président pakistanais en France, en affichant un désir commun de coopération nucléaire.
Les deux chefs d’État doivent néanmoins aborder des sujets plus polémiques, comme l’attentat de Karachi, au cours duquel onze Français ont trouvé la mort en 2002. Un événement tragique autour duquel planent des soupçons de corruption et de retro-commissions illégales entre les deux pays.
Plus récemment, c’est le projet d’interdiction du voile intégral en France qui a heurté les sensibilités pakistanaises. Islamabad y voit une atteinte aux droits individuels des musulmans.
Un président au plus bas dans les sondages
Critiqué sur la scène internationale, le président pakistanais ne jouit pas non plus d’une grande popularité auprès de ses compatriotes. Une étude du Centre de recherche Pew, basé aux Etats-Unis, révèle que seuls 20% des Pakistanais ont une opinion favorable de Zardari. Ils sont en revanche 61% à soutenir le général Ashfaq Kayani, le chef des forces armées pakistanaises, et 94% à estimer que les militaires ont un impact bénéfique sur le pays.