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WikiLeaks : l'étau se resserre autour de Bradley Manning

Washington suspecte le jeune analyste militaire, déjà accusé d’avoir fourni à WikiLeaks la vidéo d'une bavure américaine en Irak au mois d'avril, d'être à l'origine de la récente fuite de milliers de documents sur le conflit afghan.

Bradley Manning est en passe de devenir le suspect numéro un dans l’affaire de la giga-fuite de plus de 91 000 documents secrets sur la guerre en Afghanistan. L’analyste militaire, déjà impliqué dans d'autres révélations faites par le site WikiLeaks, a été transféré du Koweït à la base des Marines de Quantico, en Virginie, pour y être à nouveau interrogé. Une source anonyme proche du dossier a affirmé au Wall Street Journal, jeudi, que des traces des fameux dossiers secrets avaient été trouvées sur l’ordinateur du jeune homme de 22 ans.

Depuis que WikiLeaks a publié dimanche cette immense base documentaire, l’armée et les services de renseignements américains s’activent pour trouver la "gorge profonde". Le secrétaire à la Défense américain, Robert Gates, a souligné, jeudi, que les États-Unis menaient "une enquête pour colmater la fuite et éviter que cela ne se reproduise". Il a également appelé le FBI en renfort.

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WikiLeaks : l'étau se resserre autour de Bradley Manning

Suspect idéal

Les autorités am

éricaines se sont intéressées de près à Bradley Manning dès que le scandale a éclaté. Il faut dire que le jeune militaire a tout du suspect idéal.

Son arrestation, au début du mois de juillet, avait fait grand bruit. L’armée l’accuse alors d’avoir fait parvenir à WikiLeaks une vidéo - devenue célèbre sous le nom de "Dommage collatéral" - illustrant une bavure américaine en Irak en 2007. Bradley Manning avait été trahi, dans cette affaire, par un hacker avec lequel il communiquait sur Internet. Huit chefs d’accusation ont été retenus contre lui.

Pour coincer Manning, le témoignage du bidouilleur informatique s’était révélé cruciale. Il avait expliqué que le jeune militaire disposait d’un accès officiel à une masse importante de documents confidentiels. Bradley Manning lui aurait par ailleurs avoué que la fameuse vidéo n’était qu’un élément parmi de nombreux autres transmis à WikiLeaks. Estimant que "la vie d’innocents et la sécurité nationale étaient en jeu", le hacker avait alors pensé qu'il devait le dénoncer. En revanche, les documents sur la guerre en Afghanistan n’ont jamais été évoqués dans leurs correspondances.

Feu nourri de critiques

WikiLeaks, de son côté, affirme ne pas connaître l’identité de sa source. Selon son fondateur, Julian Assange, le système de soumission des documents sur le site garantit un anonymat absolu. Il affirme également que ces précautions sont à l’origine du succès de WikiLeaks car elles mettent les éventuelles "gorges profondes" en confiance.

Le site continue, en tout cas, à être soumis à un feu nourri de critiques des autorités américaines et afghanes. Les révélations de dimanche mettraient, selon le président afghan Hamid Karzaï, "des vies de civils en péril". Celui-ci a déploré, jeudi, que les noms d’informateurs afghans apparaissent dans les nombreux documents rendus publics. Robert Gates a emboîté le pas au président afghan, affirmant que Julian Assange avait désormais "du sang sur les mains".

WikiLeaks a répondu à ces attaques, ce vendredi, sur Twitter. "Robert Gates, responsable de milliers de morts en Irak et en Afghanistan, dit que nous aurions peut-être du sang sur les mains", peut on lire dans l’un des derniers tweets postés par les responsables du site.