
Face au succès apparent remporté par le nouveau dispositif installé par BP sur son puits de pétrole défectueux du golfe du Mexique, le président américain appelle à "garder la tête froide".
AFP - Les Américains exprimaient leur soulagement vendredi après l'arrêt de la fuite de pétrole dans le golfe du Mexique, le président Barack Obama appelant toutefois ses compatriotes à "garder la tête froide" tant que le puits ne serait pas complètement maîtrisé.
Le puissant flot qui répandait quotidiennement des millions de litres de brut dans l'océan s'est arrêté jeudi à la faveur d'un test destiné à vérifier la résistance du puits.
L'écoulement responsable de la plus grave marée noire de l'histoire des Etats-Unis a cessé quand les soupapes d'un nouvel entonnoir installé lundi ont été fermées, près de trois mois après le naufrage de la plateforme de BP Deepwater Horizon, à l'origine de la catastrophe.
"Le nouvel entonnoir est une bonne nouvelle", a déclaré vendredi le président Obama lors d'une intervention depuis la Maison Blanche, rappelant que ce dispositif permettrait soit de continuer à arrêter l'écoulement, soit d'en capturer l'essentiel.
itLe président américain a toutefois souligné qu'il ne fallait pas crier victoire trop vite. "Il est important que nous gardions la tête froide", a-t-il déclaré, rappelant le travail qui reste à faire.
"Nos scientifiques et nos experts (...) essaient de déterminer si nous pouvons fermer le puits en toute sécurité en utilisant le nouvel entonnoir sans qu'il y ait de problèmes", a dit M. Obama, évoquant le risque de nouvelles fuites de pétrole.
C'est l'une des principales inquiétudes des équipes sur place: la possibilité que, emprisonné dans le puits bouché par l'entonnoir, le pétrole comprimé ne finisse par créer des brèches et par se répandre à nouveau dans l'océan.
Le groupe britannique BP essaie de s'assurer, par des mesures de la pression, de l'absence de fuite dans le coffrage de l'installation, qui descend à 4 km de profondeur sous terre.
Jusqu'à présent, "les résultats sont encourageants", a assuré vendredi Kent Wells, vice-président de BP. "Nous avons deux robots qui examinent le fond sous-marin juste autour du puits et nous n'avons vu aucune présence de fuite".
Il a souligné qu'il était encore trop tôt pour tirer des conclusions et qu'il fallait attendre que le test de résistance du puits soit achevé. Si ce dernier se révèle concluant, l'entonnoir pourra alors définitivement entrer en fonctions.
Le président Obama a néanmoins rappelé vendredi que la seule solution à même de régler le problème "une bonne fois pour toutes" sera la mise en oeuvre en août de deux puits de dérivation.
Vendredi, les images vidéo en direct du gisement, filmé en permanence depuis des semaines, montraient la tête de puits ornée de l'entonnoir, dans des eaux semblant vierges de tout hydrocarbure.
Intense contraste avec l'épais mélange noir-orangé de gaz, de brut et d'eau qui s'en échappait en flux continu il y a encore quelques jours.
"C'est un énorme soulagement d'apprendre que l'écoulement de pétrole (...) a finalement été stoppé", s'est réjoui le Sierra Club, la plus ancienne organisation américaine de défense de l'environnent.
"Nous devons maintenant nous occuper des problèmes qui ont causé" la marée noire, a ajouté l'organisation, appelant le président Obama à "tenir tête" au secteur pétrolier.
Mais les réactions amères d'habitants des zones touchées par la pollution rappelaient l'immensité du travail restant à accomplir pour nettoyer le pétrole qui a souillé les côtes des cinq Etats américains bordant le golfe du Mexique, mettant en péril leur écosystème et leur économie.
"Y a-t-il vraiment des raisons de se réjouir?", demandait Kindra Arnesen, femme d'un pêcheur de crevettes, dans le New York Times. "Mon mode de vie est détruit: ils ont cassé tout ce que je connaissais, tout ce que je chérissais".
Sur le front économique, un article publié dans le Financial Times semblait confirmer que BP s'apprête à des ventes d'actifs massives, pouvant aller jusqu'à une vingtaine de milliards de dollars, pour faire face aux coûts de cette crise, pour laquelle le groupe britannique a déjà dû débourser plus de 3,5 milliards de dollars.