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Obama tient son ambitieuse réforme de Wall Street

Le Sénat a adopté cette nuit la plus vaste réforme du système financier américain depuis les années 1930. Une seconde victoire législative après la réforme de la santé et un bol d’air politique pour un Obama en délicatesse dans l’opinion.

C’est un texte de plus de 2300 pages, au nom obscur - la loi Dodd-Franck, des noms de ses deux principaux rédacteurs - et aux dispositions techniques. C’est aussi la plus importante réforme de Wall Street depuis les années 1930 et un texte emblématique de la législature Obama.

En adoptant par 60 voix contre 39 la loi de régulation financière, le Sénat permet au président de tenir la promesse qu’il avait faite aux Américains au plus fort de la crise des "subprimes" : encadrer les pratiques boursières pour éviter que les irrégularités ne puissent mener à une crise de l’ampleur de celle qui agite la finance mondiale - et américaine - depuis 2008.

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"Cette loi veut dire qu'on va finir de jouer à la roulette avec l'argent"

"La réforme va mettre fin aux affaires louches qui ont mené à cette crise", a ainsi déclaré Barack Obama. Une réforme qui consiste en une série de mesures qui parlent moins à l’Américain moyen qu’aux spécialistes de Wall Street : d’après un sondage Ipsos publié jeudi, 38% des Américains n’ont pas entendu parler de la réforme et 33% n’en comprennent pas le contenu. Il faut dire que le sujet est ardu... Voici les principaux  points:

• Limitation des activités de trading jugées risquées (réglementation des produits dérivés ; fonds spéculatifs ou hedge funds soumis à l’autorité de la SEC, l'autorité boursière américaine ; encadrement de la titrisation de prêts immobiliers).

• Création d’un Conseil de surveillance de la stabilité financière, chargé d’anticiper les risques financiers et de coordonner les actions.

• Meilleure protection des consommateurs, avec la création d’un bureau au sein de la Banque centrale chargé de gérer les produits financiers de consommation courante (prêts immobiliers, cartes de crédit…)

• Fin de la mise à contribution des contribuables en cas de sauvetage financier : ils ne pourront plus être sollicités pour sauver des entreprises financières en difficulté.

Il reste à présent au président Obama à promulguer ce texte, obtenu au prix d’une longue bataille dans les rangs du Sénat, car les républicains estiment que la loi Dodd-Franck étend la bureaucratie de l’État fédéral et le contrôle public sur un secteur privé. Trois élus républicains ont pourtant voté la réforme, offrant à Obama sa deuxième grande victoire législative cette année après celle de la réforme de la couverture maladie en mars.

Une victoire qui tombe à pic pour tirer le président américain d’une mauvaise passe : même si l’opinion publique, excédée par la crise, soutenait une réforme de Wall Street, la Maison Blanche s’englue dans un taux de chômage de 10% et une marée noire dans le golfe du Mexique dont Obama paye la gestion.

De quoi donner un peu d’espace à Obama en attendant la principale échéance politique de son quinquennat, les élections de mi-mandat (mid-term) qui se déroulent en novembre.