Libérés de prison à Cuba, sept prisonniers politiques sont arrivés ce mardi à Madrid, dans le cadre d'un accord sur la libération graduelle de 52 opposants cubains. Ils devraient être rejoints, dans la semaine, par quatre autres détenus.
AFP - Les sept premiers opposants cubains libérés par La Havane sont arrivés mardi en Espagne où ils ont salué leur libération comme "le début d'une nouvelle étape pour le futur" de l'île communiste.
Il s'agit des premiers opposants libérés dans le cadre d'un accord prévoyant la libération graduelle de 52 détenus politiques condamnés en 2003 à de lourdes peines, le plus important depuis que Raul Castro a pris la relève de son frère Fidel il y a quatre ans.
Les Etats-Unis ont félicité l'Espagne et l'église catholique cubaine pour cet "événement positif". Le département d'Etat a appelé à "la libération immédiate et sans condition de tous les prisonniers politiques".
Ces libérations signifient "le début d'une nouvelle étape pour l'avenir de Cuba et de tous les Cubains", ont estimé les opposants à Madrid, dans un communiqué lu peu après leur arrivée par le journaliste Julio Cesar Galvez.
"Nous espérons que ceux qui restent à Cuba jouiront de la même liberté que nous", a-t-il poursuivi.
"Nous ne nous considérons pas comme manipulés", a déclaré Ricardo Gonzalez, 60 ans, le plus connu des sept pour avoir été le correspondant clandestin de l'ONG française Reporters sans frontières.
"Le mot changement commence avec la liberté, non seulement la liberté de nos compagnons mais celle de tous les citoyens cubains (...). Pour nous, l'exil est la prolongation de notre lutte. Nous sommes le chemin qui peut conduire à un changement" à Cuba, a-t-il poursuivi.
Fatigués mais souriants, les sept opposants ont fait le "V" de la victoire, les bras levés à la fin de leur brève conférence de presse.
Ils ont ensuite été pris en charge par les autorités espagnoles, avec les 33 membres de leurs familles qui voyageaient avec eux et les avaient retrouvés lundi soir à La Havane après sept ans de séparation.
L'Espagne compte leur fournir "un premier appui logistique" à travers la Commission espagnole d'aide aux réfugiés (CEAR) et la Croix-Rouge, selon le chef de la diplomatie espagnole Miguel Angel Moratinos, qui plaide sans relâche en faveur d'un rapprochement de l'UE avec Cuba.
A l'issue d'une rencontre mercredi dernier entre le président Raul Castro, le cardinal Jaime Ortega et M. Moratinos, l'Eglise avait annoncé la libération sous quatre mois maximum, des 52 opposants restant derrière les barreaux de la vague de répression de mars 2003.
L'opposant Guillermo Farinas avait mis un terme dans la foulée à 135 jours d'une grève de la faim pour la libération de 26 détenus malades, entamée après la mort controversée d'un détenu politique.
Treize autres prisonniers politiques sont dans l'attente de leur départ prochain pour l'Espagne, selon l'Eglise cubaine.
Ce processus de libérations de prisonniers politiques est le plus massif depuis que Raul Castro a pris la relève de son frère Fidel en août 2006.
Fidel Castro en avait libéré une centaine peu après la visite historique à Cuba du pape Jean Paul II en 1998.
Mais en mars 2003, il avait ordonné l'arrestation au total de 75 opposants accusés de "collaborer" avec l'ennemi américain, ce qui avait provoqué un gel de la coopération avec l'Union européenne pendant cinq ans.
Le départ des premiers opposants de La Havane a coïncidé avec une rare apparition télévisée de Fidel Castro, 83 ans, exclusivement consacrée à la situation au Moyen-Orient et à l'Iran.
Selon des chiffres de la dissidence cubaine, il restera 115 prisonniers politiques à Cuba, après les 52 libérations annoncées.
La dissidence cubaine a déploré l'exil de ces opposants, jugeant qu'ils auraient été plus utiles à Cuba pour la lutte pour les droits et libertés.
Cuba est sous embargo américain depuis 1962 et considère les opposants comme des mercenaires à la solde des Etats-Unis.