L'armée israélienne affirme que le mouvement chiite libanais dirigé par Hassan Nasrallah (photo) aurait déplacé, après la guerre de 2006, les trois quarts de son arsenal vers des villages du sud du pays.
AFP - L'armée israélienne a accusé le Hezbollah d'avoir stocké 40.000 roquettes au coeur des villages du Liban sud depuis la guerre de 2006, et a produit des films et photos aériennes étayant, selon elle, ces affirmations.
Jusqu'ici secrets, ces documents parvenus jeudi à l'AFP, notamment des cartes détaillées, des films et des photos aériennes, ont été déclassifiés à l'occasion du 4e anniversaire de l'offensive lancée par Israël contre le mouvement chiite au Liban après le rapt de deux soldats le 12 juillet 2006.
Interrogés, le Hezbollah, l'armée libanaise et la Force intérimaire de l'ONU au Liban (Finul), chargée de surveiller le cessez-le-feu et la Ligne bleue tracée par l'ONU à la frontière israélo-libanaise, se sont refusés à tout commentaire dans l'immédiat.
Selon les médias israéliens, l'armée a déclassifié ces documents pour signifier au mouvement libanais Hezbollah qu'Israël saurait exactement où le frapper, mais ne croit pas qu'il s'apprête à engager un nouvel affrontement.
"En 2006 il ne nous a fallu que quelques jours pour toucher leurs armes à courte et moyenne portée. Elles étaient dans des zones inhabitées", a déclaré à l'AFP le lieutenant-colonel Avital Leibovitz, porte-parole de l'armée israélienne.
"Après la guerre, le Hezbollah a déplacé trois quarts de ses armes vers des zones habitées", a-t-elle ajouté, affirmant que "plus de 100 villages du sud ont été transformés par le Hezbollah en bases militaires".
Elle a estimé qu'il s'agissait d'une "nouvelle tactique", accusant le mouvement d'utiliser ainsi les civils comme "boucliers humains" car "ils savent que nous faisons beaucoup d'efforts pour éviter de toucher les civils".
Pendant tout le conflit qui avait dévasté le Liban, Israël avait pourtant déjà accusé le Hezbollah se servir des civils comme "boucliers humains".
Plusieurs ONG, dont Human Rights Watch, avaient imputé le lourd bilan parmi les civils au "non-respect fréquent par Israël" de la distinction entre civils et combattants.
Le conflit de 34 jours avait fait plus de 1.200 morts côté libanais, en majorité des civils, et 160 du côté israélien, surtout des militaires.
Des centaines de conseillers iraniens ont aidé le Hezbollah à établir un réseau de communications, à creuser des tunnels et à bâtir des bunkers sous-terrains, selon les documents militaires israéliens.
Les unités du Hezbollah, qui disposerait de 20.000 combattants au total, comptent chacune de 30 à 200 hommes armés et entraînés déployés au coeur de 160 villages chiites du Liban sud et disposent d'un arsenal stocké "parfois à quelques dizaines de mètres d'écoles, d'hôpitaux ou de secteurs habités", précise l'armée.
Pour étayer ses accusations, elle produit notamment des images filmées selon elle dans le village de Khiam.
Selon l'armée, le Hezbollah disposerait de quelque 30.000 roquettes et serait capable d'en tirer de 600 à 800 par jour.
Israël avait échoué à briser les capacités militaires du Hezbollah, empêcher les tirs de roquettes vers son territoire et obtenir la libération des deux soldats capturés dont les dépouilles lui ont ensuite été remises.