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Mediapart, le site à l'origine du volet politique de l'affaire Bettencourt

Le web-journal Mediapart est à l’origine de plusieurs révélations qui ont contribué à transformer l'affaire Banier-Bettencourt en affaire d'État. Gros plan sur ce pari fou lancé par quatre anciens journalistes du Monde en 2007.

"L’ex-comptable des Bettencourt accuse : des enveloppes d’argent à Woerth et à Sarkozy", titrait mardi Mediapart. Le journal en ligne a, une nouvelle fois, déclenché une tempête politique et médiatique en publiant un témoignage accablant les plus hautes sphères de l’État.

Par ses révélations, le site d'informations a transformé ce qui n'était, au départ, qu’une sombre affaire privée dans laquelle le photographe mondain François-Marie Banier est accusé d’abus de faiblesse sur Liliane Bettencourt, l'héritière de L'Oréal, en une sérieuse affaire d’État.

Deux journalistes, Fabrice Arfi et Fabrice Lhomme, en sont plus particulièrement à l'origine. Depuis le 16 juin, ils ont provoqué un sérieux remue-ménage au sein du gouvernement en diffusant les enregistrements pirates d’une conversation entre Liliane Bettencourt et Patrick de Maistre, le gestionnaire de sa fortune. Ces conversations, enregistrées par l’ancien maître d’hôtel de la milliardaire, mettaient en évidence des liens ambigus entre Liliane Bettencourt, Éric Woerth et sa femme Florence.

"Les enregistrements ont marqué le début de l’histoire impliquant notre journal, même si nous avions déjà traité plusieurs angles de l’affaire", confie à france24.com Sylvain Bourmeau, journaliste à Mediapart. Depuis ce premier épisode, le nombre d’abonnés au site a explosé. "Mediapart jouissait déjà d’une bonne reconnaissance, mais grâce à ces articles, notre cercle de lecteurs s’est considérablement élargi", ajoute-t-il.

Les quatre fondateurs du site avaient, en 2007, fait le pari d’offrir une information payante sur le web. "On nous a traité de fous, confie à l’AFP Edwy Plenel, directeur de la rédaction du site (photo). Aujourd’hui, la question est tranchée […]. Il faut d’abord compter sur les recettes issues de la confiance des lecteurs." Pari gagné. Au début du mois de juillet, le site enregistre près de 30 000 abonnés, dont 5 000 inscrits en juin, après la diffusion des enregistrements.

"Un contre-pouvoir"

Quelque 25 personnes, jeunes et moins jeunes, travaillent aujourd’hui pour le site. "C’est un journal en ligne créé par des journalistes expérimentés, poursuit Sylvain Bourmeau. Le plus âgé a 60 ans, le plus jeune 26. Les plus vieux apprennent des plus jeunes les nouvelles techniques de communication. Et les plus jeunes apprennent les techniques journalistiques auprès des plus expérimentés."

Sacré meilleur site de l’année 2010 par CB News, Mediapart a été fondé par quatre

journalistes reconnus : Gérard Desportes, Laurent Mauduit, Edwy Plenel et François Bonnet. Quatre hommes qui ont en commun d’avoir arpenté les couloirs du célèbre quotidien Le Monde et, pour trois d’entre eux, de Libération. Des expériences professionnelles qui laissent présager de leur orientation politique.

"Mediapart est un cercle de gens de gauche, ce n’est pas un secret, commente Sylvain Bourmeau. Mais là n’est pas la question. Notre but est de faire du journalisme à l’américaine, avec des enquêtes poussées, sans pour autant faire de la politique. C’est de cette façon là qu’on peut exercer un vrai contre-pouvoir."