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Merkel très affaiblie par l'élection ardue de Christian Wulff

La Chancelière allemande Angela Merkel pourrait être contrainte de revoir son très impopulaire plan d'austérité après l'élection dans la douleur - signe du mécontentement des élus - de son poulain Christian Wulff à la présidence.

REUTERS - Angela Merkel sort affaiblie de l'élection poussive de son poulain Christian Wulff à la présidence allemande et pourrait être contrainte de revoir des pans entiers de sa politique, y compris le plan d'économie de 80 milliards d'euros sur quatre ans annoncé récemment.

Il a fallu trois tours de scrutin à Christian Wulff pour être élu mercredi à la tête de l'Etat, un camouflet pour la chancelière qui a dû subir à cette occasion la fronde d'une partie de ses troupes, au moment où sa cote de popularité, comme celle du gouvernement, est en berne.
Le calvaire subi par Angela Merkel tout au long des neuf heures de scrutin - un record pour ce type d'élection en Allemagne - laissera des traces, même si l'éclatement de la coalition formée par les conservateurs de la CDU-CSU et les libéraux du FDP n'est pas d'actualité.
Et la chancelière est déterminée à tout faire pour garder la main, confortée qu'elle est par l'absence de véritables rivaux au sein de son parti, la CDU.
Mais, en votant par dizaines mercredi pour le candidat de l'opposition, les élus de son parti lui ont signifié qu'elle devait faire des concessions.
"Il va falloir qu'elle dirige avec résolution, mais elle ne maîtrise pas le calendrier", juge Peter Lösche, professeur de sciences politiques à l'université de Göttingen.
"Le plan d'austérité devra être revu", prédit-il.
La chancelière fédérale a présenté au début du mois un plan d'économies de 80 milliards d'euros sur quatre ans combinant réduction de la dépense publique et augmentation de certaines taxes.
Ce programme doit permettre de ramener d'ici 2013 le déficit budgétaire sous les 3% du PIB fixé par le pacte de stabilité européen.
Recherche de compromis
Le projet a été vivement critiqué par les adversaires de Merkel qui estiment que de nouvelles économies nuiraient à la reprise de la croissance économique.
Les ennuis se sont accumulés autour d'Angela Merkel depuis la large victoire de la droite aux législatives de l'automne dernier.
Les rapports entre les libéraux et les conservateurs n'ont cessé de se dégrader, tandis que la CDU-CSU et le FDP subissaient revers sur revers lors d'élections partielles.
Le mois dernier, la coalition gouvernementale a perdu sa majorité au Bundesrat, la chambre haute du parlement, à la suite du recul de la droite dans le Land le plus peuplé du pays, la Rhénanie-du-Nord-Westphalie.
Le nouveau paysage politique oblige la chancelière à rechercher des compromis avec ses alliés libéraux, mais aussi avec l'opposition sociale-démocrate.
La réforme de l'assurance-maladie, dans l'impasse en raison de différends entre les partenaires de la majorité, pourrait constituer une première étape en ce sens.
Mais le FDP traverse une crise de popularité sérieuse. Crédité de 14,6% des suffrages aux élections de septembre dernier, un record, il est aujourd'hui passé dans les sondages en-dessous du seuil de cinq pour cent nécessaire pour une représentation parlementaire.
"Personne n'arrive à discerner où va ce gouvernement et cette élection (présidentielle) ne va rien y changer. Comment s'attendre à ce que tout le manque d'harmonie de ces derniers mois disparaisse brusquement?", dit Karl-Rudolf Korte, de l'université de Duisbourg.
Six élections régionales sont prévues l'an prochain, et Angela Merkel devra proposer des objectifs clairs à ses troupes et à l'opinion publique pour ne pas connaitre de nouvelles déconvenues.
"Si les choses continuent comme avant, elle perdra les scrutins les uns après les autres", prédit Ulrich von Alemann, de l'université de Dusseldorf.