Le géant bancaire Citigroup et la banque d'affaires Morgan Stanley s'apprêteraient à rapprocher leurs activités. Morgan Stanley prendrait ainsi le contrôle de Smith Barney, la filiale de courtage de Citigroup.
REUTERS - Smith Barney, filiale de courtage d'actions de Citigroup et Morgan Stanley s'apprêtent à rapprocher leurs activités de courtage en actions pour donner naissance à un géant du secteur, qui serait la première société de Bourse mondiale pour les particuliers.
Citigroup et Morgan Stanley formeraient une coentreprise en combinant leurs activités de courtage qui serait contrôlée par Morgan Stanley avec 51% du capital. Dans le cadre de ce mariage, Morgan Stanley pourrait débourser entre deux et trois milliards de dollars, voire davantage, pour prendre le contrôle de Smith Barney, a-t-on déclaré ce week-end de sources proches du dossier.
Morgan aurait la possibilité de racheter le solde à Citigroup dans les cinq années à venir.
L'opération pourrait être annoncée cette semaine, mais pas lundi, a-t-on dit. Une autre source a confirmé qu'un accord était attendu pour cette semaine.
L'opération devrait permettre à Citi de revaloriser cette activité, ce qui devrait être positif pour ses fonds propres.
Cette plus-value serait la bienvenue pour Citigroup, qui subit la pression des autorités américaines pour assainir rapidement sa situation financière après avoir reçu 45 milliards de dollars d'aide de la part du gouvernement en octobre et novembre.
Citigroup a perdu plus de 20 milliards de dollars sur les quatre trimestres clos le 30 septembre (dernier résultats connus).
La nouvelle maison de titres aurait une valeur estimée combinée de 16 à 20 milliards de dollars, a dit une des sources.
Elle emploierait plus de 23.000 conseillers financiers avant départs volontaires, ce qui en ferait le numéro un mondial du courtage actions pour les particuliers, devant Bank of America et Wells Fargo .
Pour Citi, il est plus facile de céder une partie de son courtage actions que de le vendre en totalité alors que les temps sont peu propices aux fusions-acquisitions. Peu d'acquéreurs disposent des sommes nécessaires pour acheter la totalité de Smith Barney.
Cessions d'actifs
La nouvelle société de Bourse sera vraisemblablement présidée par James Gorman de chez Morgan Stanley et dirigée par Charles Johnston, le patron mondial des activités de gestion d'actifs de Citigroup.
Cela pourrait renforcer la position de James Gorman si des discussions venaient à s'ouvrir pour la succession de John Mack, le directeur général de Morgan Stanley.
La cession de Smith Barney représente sans doute la cession a la plus emblématique dans le démantèlement de Citigroup tel que l'avait voulu Sanford "Sandy" Weill quand son groupe Travelers racheta Citicorp pour créer le premier conglomérat financier mondial.
L'actuel patron de Citigroup, Vikram Pandit, s'emploie à vendre plusieurs milliards d'actifs du conglomérat dans une cadre d'une politique de réduction des risques. Citi a semble-t-il ainsi discuté en interne de la possibilité de vendre, par exemple, sa filiale mexicaine Banamex.
La banque a obtenu 45 milliards de dollars du fonds de sauvetage des banques, le Tarp (Troubled Asset Relief Program) dont 20 milliards provenant d'un sauvetage organisé au niveau fédéral en novembre.
Par ailleurs, l'ancien secrétaire au Trésor Robert Rubin, âgé de 70 ans, a démisionné vendredi de son poste de conseiller chez Citigroup. Il était critiqué depuis des mois pour sa performance. Robert Rubin restera au conseil d'administration jusqu'à la prochaine assemblée générale annuelle de la banque.
L'avenir du président de Citigroup Win Bischoff est incertain. Selon le New York Times, les administrateurs de Citigroup envisagent de remplacer le président, dès cette semaine, par l'ancien président de Time Warner Richard Parsons. Citi s'est refusé à tout commentaire.
Parsons, qui est aussi "lead administrateur" de Citigroup groupe, a indiqué au Wall Street Journal que le géant bancaire gardait sa confiance en Pandit.
"Nous avons confiance en (...) Vikram", a-t-il dit en précisant que les rumeurs le disant sur la sellette un an après sa prise de fonction n'étaient "pas vraies".