Alors que le gouvernement met en place des mesures de restriction budgétaire, le chef de l'État français, Nicolas Sarkozy, a décidé d'annuler la traditionnelle garden-party du 14-Juillet à l'Élysée.
AFP - Dans un sombre contexte économique et financier, Nicolas Sarkozy a décidé de supprimer la traditionnelle garden-party du 14 juillet à l'Elysée qui avait coûté plus de 700.000 euros l'an dernier.
Fini le spectacle annuel où dames enchapeautées et messieurs bardés de médailles côtoyaient dans une ambiance de kermesse élus, people, simples citoyens accidentés de la vie ou distingués pour leur action caritative...
La facture - évaluée pour 2009 à 732.826 euros par le député (apparenté PS) René Dosière, citant des informations obtenues à Matignon - est une goutte d'eau comparée aux déficits abyssaux de la France. Mais c'est aussi un symbole.
Comment justifier que l'on fasse la fête à l'Elysée - fût-ce le 14 juillet - quand les finances de la Nation sont dans le rouge et que la crise est loin d'être terminée, comme le démontre une courbe du chômage obstinément élevée? Le maintien d'une garden party - avec flonflons, champagne et petits fours à profusion - aurait été "d'autant moins justifié", selon des sources à l'UMP, que la présidence a décidé, il y a quelques semaines, de supprimer, toujours pour raisons budgétaires, le concert vespéral gratuit du 14 juillet au Champ de Mars.
L'an dernier, 700.000 personnes environ s'étaient amassées au pied de la tour Eiffel pour écouter Johnny Hallyday. Coût, selon l'express.fr: 3,11 millions d'euros.
L'Elysée n'a pour l'instant pas parlé de suppression de la garden-party. Mais cela a été confirmé à l'AFP par des sources proches du gouvernement et de l'UMP.
L'opposition socialiste n'y voit qu'un "artifice". Pour Marine Le Pen, vice-présidente du FN, la mesure est "dérisoire".
La disparition de la garden-party pourrait être annoncée officiellement en tout début de semaine prochaine, selon une source proche du gouvernement, lors d'une réunion à l'Elysée sur la révision générale des politiques publiques.
"Un vaste plan ambitieux de décisions pour encore réduire les dépenses de fonctionnement de l'Etat est à l'étude", indique-t-on à la présidence.
Pour M. Sarkozy, il s'agit de montrer qu'il est dans l'action alors que les polémiques sur ses ministres ou ex-ministre se succèdent: Christine Boutin et sa double rémunération, Christian Blanc et ses cigares offerts par la République, Alain Joyandet et l'agrandissement illégal de sa maison, Eric Woerth et l'affaire Bettencourt.
En pleine réforme des retraites, difficile à faire passer dans l'opinion qui la juge majoritairement "injuste", M. Sarkozy veut remettre de l'ordre dans les rangs. Objectif obligatoire pour celui qui a défendu maintes fois une "République irréprochable", à deux ans de l'élection présidentielle à laquelle il devrait de nouveau être candidat.
L'ex-ministre du Logement Christine Boutin a renoncé à ses 9.500 euros mensuels pour une mission confiée par l'Elysée sur la mondialisation, le secrétaire d'Etat au Grand Paris a été prié de rembourser tous les cigares (12.000 euros), son collègue à la Coopération a renoncé à son permis de construire.
Le ministre du Travail s'est, lui, vu renouveler la confiance du président pour mener à son terme la réforme des retraites. Son image de premier ministrable est néanmoins considérablement affaiblie.