La classe politique dans son ensemble fustige le spectacle "lamentable" offert par l'équipe de France. Hier, les Bleus ont refusé de s'entraîner pour protester contre l'exclusion de Nicolas Anelka, accusé d'avoir insulté Raymond Domenech.
AFP - Après Roselyne Bachelot et Nicolas Sarkozy, premiers à condamner les insultes d'Anelka envers Domenech, les politiques de tous bords ont dénoncé dimanche le spectacle "navrant" offert par l'équipe de France de football au Mondial sud-africain.
A deux jours d'un match clé contre la sélection du pays hôte, avec des chances de qualification très minces, les Bleus ont refusé de s'entraîner dimanche pour protester contre l'exclusion de Nicolas Anelka, décidée la veille par la Fédération après ses graves insultes révélées par le journal L'Equipe.
"Navrant", "scandaleux", "lamentable", "consternant" : une pluie de critiques unanimes, quelles que soient les étiquettes, s'est abattue sur l'équipe de la part de tous les responsables interrogés dans les émissions dominicales.
Dans un communiqué, Marine Le Pen (FN) est allée jusqu'à demander la démission de la ministre des Sports, Roselyne Bachelot, pour "l'humiliation mondiale" subie par le pays.
"Le match (la défaite contre le Mexique jeudi, ndlr), les insultes, cette ambiance de décomposition, tout cela est révoltant", a déclaré François Bayrou (MoDem) au Parisien.
A la question de savoir si "une intervention politique" était nécessaire pour remettre de l'ordre chez les Bleus, le conseiller spécial de l'Elysée Henri Guaino l'a toutefois exclue.
"Je ne vois pas que de quelle décision politique la situation actuelle pourrait relever : on ne peut pas décréter la cohésion de l'équipe de France", a-t-il fait remarquer sur i-TELE.
"En ce moment, l'heure n'est pas à tirer des bilans, mais l'heure viendra très vite", a dit Mme Bachelot au 20 heures de TF1.
Sur la question des responsabilités, l'UMP Dominique Paillé a, lui, déjà pointé du doigt la Fédération française. "Que les responsables qui ont conduit à ce qui est aujourd'hui un fiasco sachent en tirer les conclusions eux-mêmes, c'est une question d'honneur", a-t-il affirmé sur RTL.
Le secrétaire d'Etat à la Fonction publique Georges Tron a mis en cause à mots couverts Raymond Domenech. "On a sans doute eu tort de maintenir un entraîneur qui était déjà décrié il y a deux ans" après la contre-performance de l'Euro-2008, a-t-il dit sur BFM.
Le socialiste Jérôme Cahuzac s'est fait très mordant sur le thème d'une équipe contaminée par le "bling-bling", déjà soulevé lors de la polémique sur le coût de leur hôtel.
"Il règne en équipe de France un climat qu'au fond Nicolas Sarkozy a exalté: c'est l'individualisme, l'égoïsme, le chacun pour soi, et la seule échelle de valeur de la réussite humaine c'est le chèque touché en fin de mois", a-t-il assuré à Radio J.
Quel exemple les Bleus donnent-ils ainsi aux Français et particulièrement aux jeunes ? L'interrogation était omniprésente dans les commentaires.
Valérie Pécresse, ministre de l'Enseignement supérieur, a ainsi imaginé des élèves risquant de s'inspirer de l'attaquant tricolore : "Comment voulez-vous que des jeunes respectent leurs professeurs s'ils voient Anelka insulter l'entraîneur?", s'est-elle demandée.
Ce week-end, plusieurs joueurs s'en sont pris au "traître" parmi eux ayant communiqué à la presse les mots prononcés par Anelka pendant la mi-temps de France-Mexique.
"Je suis comme tout le monde navré par ce spectacle pitoyable", a lâché le ministre du Travail, Eric Woerth, amateur déclaré de ballon rond.
Son collègue Bernard Kouchner (Affaires étrangères) y a vu "une caricature de la France", "vraiment un feuilleton épouvantable".
"Je ne veux pas que la France ressemble à notre équipe de football", a dit un de ses prédécesseurs au Quai d'Orsay, Dominique de Villepin.