
En visite à Bichkek, le sous-secrétaire d'État américain Robert Blake assure qu'une enquête sera menée sur les violences interethniques qui secouent le pays. Selon l'OMS, près de 300 000 personnes ont déjà fui le pays.
AFP - Un émissaire américain a visité samedi le Kirghizstan où subsistent des craintes de nouvelles violences interethniques, alors que l'ONU lançait un appel de fonds pour un million de civils affectés par les affrontements entre communautés ouzbèke et kirghize dans le sud.
Après avoir visité vendredi l'Ouzbékistan où il a exigé une "enquête indépendante", Robert Blake, sous-secrétaire d'Etat américain chargé de l'Asie centrale et du sud, a obtenu à Bichkek des autorités kirghizes une promesse d'investigation des émeutes.
Ces violences, qui ont éclaté dans la nuit du 10 au 11 juin dans la ville d'Och avant de se répandre à Djalal-Abad, ont fait jusqu'à 2.000 morts, selon la présidente kirghize par intérim.
"Les membres du gouvernement intérimaire kirghiz ont assuré qu'une enquête serait menée pour établir les causes des violences", a indiqué M. Blake dans des déclarations traduites en russe lors d'une conférence de presse à Bichkek à l'issue de ses rencontres avec les dirigeants kirghiz.
"Une enquête internationale parallèle est nécessaire pour prévenir ce genre de violences dans l'avenir et assurer le retour des réfugiés et de citoyens déplacés à l'intérieur du pays", a-t-il poursuivi.
M. Blake a par ailleurs souligné que Washington ne prévoyait pas d'envoyer des troupes de maintien de la paix dans ce petit pays d'Asie centrale. "A ma connaissance, le Kirghizstan n'a pas fait une telle demande" auprès des Etats-Unis, a-t-il ajouté.
Enfin, il a confirmé l'octroi par Washington de 32 millions de dollars en aide humanitaire pour les victimes des émeutes.
Celles-ci auraient "affecté directement ou indirectement" un million de personnes (300.000 réfugiés et 700.000 déplacés à l'intérieur du pays), selon l'Organisation mondiale de la santé, entraînant un flot de réfugiés en Ouzbékistan voisin.
A Och, deuxième ville kirghize, la tension était vive samedi et des habitants déclaraient redouter de nouveaux affrontements.
Des postes de contrôle de l'armée et de la police étaient toujours en place partout dans la ville, aux abords des quartiers ouzbeks où les violences ont été les plus meurtrières.
Les soldats contrôlaient les papiers des passagers et fouillaient les véhicules à la recherche d'armes.
La plupart des districts ouzbeks étaient toujours barricadés par des arbres coupés, des voitures brûlées, des conteneurs, des camions ou des autobus, empêchant l'accès des autorités.
C'est justement la promesse faite vendredi par la présidente par intérim Rosa Otounbaïeva de lever ces barricades samedi qui faisait craindre aux Ouzbeks de nouveaux affrontements, ces derniers accusant l'armée d'avoir participé aux violences contre eux.
Au moins deux barrages ont toutefois été levés tôt samedi sans que des violences n'éclatent, selon des habitants d'Och.
De leur côté, les Kirghiz réclamaient l'intervention de la police dans ces quartiers en faisant état de la présence de nombreux otages, notamment des représentants des forces de l'ordre.
La mairie d'Och a, elle, indiqué à l'AFP que les corps mutilés de cinq otages, quatre hommes et une femme, avaient été repêchés dans une rivière à la sortie de Nariman, bourgade ouzbèke entre Och et la frontière avec l'Ouzbékistan.
L'ONU a lancé vendredi auprès des pays donateurs un appel de fonds d'urgence de 71 millions de dollars pour l'aide humanitaire au Kirghizstan.
Cet appel vise à faire face notamment à une pénurie de nourriture, a précisé le secrétaire général Ban Ki-moon.
Un autre appel, destiné à l'Ouzbékistan, sera lancé en début de semaine prochaine.
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