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Pékin assouplit l'indexation décriée du yuan sur le dollar

Largement critiqué par les États-Unis qui l'accusent de fausser l'économie mondiale, le taux de change de la monnaie chinoise, le yuan (ou renminbi), jusqu'ici indexé sur le dollar américain, doit être assoupli, annonce Pékin.

AFP - Soumise à d'intenses pressions américaines, la Chine a annoncé samedi sa décision de favoriser une plus grande souplesse dans la fluctuation du yuan et de poursuivre la réforme du mécanisme de taux change de sa devise, une initiative aussitôt saluée par les Etats-Unis et le FMI.

"La banque centrale de Chine a décidé de continuer à soutenir la réforme du mécanisme du taux de change du RMB (yuan) et de renforcer la souplesse du taux de change du RMB", a indiqué la banque centrale chinoise sur son site internet.

Cette annonce intervient à une semaine de l'ouverture du sommet du G20 à Toronto (Canada) et sous d'intenses pressions, essentiellement de Washington, pour forcer Pékin à renouer avec un système de change plus souple qui permettrait au renminbi (monnaie du peuple, autre nom du yuan) de s'apprécier: cela devrait, espère Washington rééquilibrer un peu le commerce en renchérissant les exportations chinoises.

Le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner a aussitôt salué samedi la décision chinoise, soulignant qu'elle pouvait apporter une contribution "positive" à la croissance mondiale.

"Nous saluons la décision de la Chine de renforcer la souplesse de son taux de change", a-t-il déclaré dans un communiqué, ajoutant qu'"une mise en oeuvre dynamique (de cette décision) apportera une contribution positive à une croissance mondiale forte et équilibrée".

Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, a également jugé samedi "très encourageante" cette décision chinoise.

"L'annonce par la Banque de Chine populaire qu'elle va accroître la souplesse du taux de taux change et retourner à un régime contrôlé de change flottant qui était en place avant la crise financière mondiale est un développement très encourageant", a-t-il dit dans un communiqué.

"Un renminbi plus fort est conforme aux conclusions du processus d'évaluation mutuelle du G-20 devant être présentées à Toronto la semaine prochaine et contribuera à accroître les revenus des ménages chinois et à créer les incitations nécessaires pour réorienter les investissements vers des industries servant le consommateur chinois", a-t-il ajouté.

Cependant, la banque centrale a souligné que rien ne justifiait d'"importantes variations ou changements" dans le taux de change et répété qu'elle continuerait à gérer le taux de change flottant "à l'intérieur de la bande (de fluctuation) déjà annoncé".

Les partenaires commerciaux de la Chine estiment que la sous-évaluation du yuan permet à Pékin de vendre ses produits exportés à bas prix.

La Chine a systématiquement repoussé les pressions des Etats-Unis, qu'elle renvoie à leurs propres responsabilités, soulignant que le taux de change de sa monnaie n'est pas responsable de leurs déséquilibres structurels.

Depuis l'été 2008, le yuan fluctue dans une marge très étroite vis-à-vis du billet vert. Il s'est en conséquence apprécié face à l'euro.

La monnaie chinoise fera l'objet de discussions au sommet du G20 à Toronto, malgré l'opposition de la Chine, avait affirmé vendredi un haut-fonctionnaire canadien.

Le sujet sera abordé lors d'un "exercice d'évaluation mutuelle" pour définir de quelle manière les pays du Groupe des 20 peuvent contribuer à une reprise forte et durable de la croissance économique mondiale, avait précisé ce responsable sous couvert d'anonymat.

Vendredi, la Chine avait pourtant répété que le taux de change de sa monnaie ne concernait qu'elle-même et ne devait pas figurer au menu des discussions de Toronto qui réunira les principaux pays riches et émergents.

"Je ne pense pas que cette question ait jamais été au programme", avait dit Zhang Tao, un responsable de la Banque centrale chinoise.

Fin mai, le président Hu Jintao, qui va participer au sommet du G20, avait évoqué une possible reprise "graduelle" de la réforme du système de taux de change sans toutefois fixer d'échéance.