
Le service de Google est épinglé dans un rapport de la Cnil pour avoir collecté des données privées sur des réseaux wi-fi de particuliers. Cette mise en cause n’est que la dernière d’une longue série pour Google Street View.
Encore une mise en cause de Google pour son service Street View. Après plusieurs pays européens, c’est au tour de la France, par l’intermédiaire de la Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés), de dénoncer la collecte de données privées effectuée par le géant américain d’Internet. Le président de l’organisme Alex Türk a constaté, lors de la remise du rapport jeudi, que "des mots de passe associés à des adresses IP et des extraits de messages électroniques avaient été récupérés" par la société.
En cause : les petites voitures Google qui circulent un peu partout dans le monde, depuis trois ans, pour prendre des clichés des rues et ainsi améliorer certains services comme Google Maps ou Latitude. Ces véhicules disposent d’un équipement permettant de scanner les connexions wi-fi alentours, officiellement pour tester l’infrastructure internet existante. Mais au passage des données personnelles et des adresses IP provenant de réseaux wi-fi sans mot de passe ont également été collectés.
Mauvaise volonté
Par erreur ou volontairement ? Car telle est bien la question qui se pose dans un certain nombre de pays qui, à l’instar de la France, ont demandé des comptes à Google. De l’Allemagne à l’Australie, en passant par l’Irlande ou les États-Unis, les procédures s’accumulent depuis début mai. En tout, Google aurait collecté près de 600 gigabytes de données personnelles. Face à cette déferlante, le géant de Mountain View ( en Californie) a semblé être pris de court et a eu du mal à faire coïncider son discours officiel et ses actes.
Lorsque plusieurs pays européens (Italie, Irlande, France, Allemagne) lui demandent, mi-mai, de leur fournir des documents sur les données captées par les "Google cars", le groupe traîne des pieds. En fait, le groupe dont le slogan officiel est "don’t be evil" ("ne pas être méchant") ne s’exécute qu’après la date limite fixée par les autorités allemandes et attendra que la France lui envoie une mise en demeure officielle.
Une mauvaise volonté très éloignée de son discours. Dès le 15 mai, Google écrit sur son blog que cette collecte avait été faite "par erreur" et que ces données "ne seront pas utilisées". Le co-fondateur de Google, Sergeï Brin, et le pdg, Eric Schmidt, avouent même dans la foulée avoir "merdé".
Enquête criminelle
Le mastodonte se fait donc tout petit et humble. Après le torrent de protestations soulevé par les ex-nouvelles règles de Facebook, aucun groupe n’a en effet envie de se retrouver au centre d’un nouveau scandale ayant trait au respect de la vie privée.
Et puis Google fait, dans cette affaire, l’objet d’une enquête criminelle en Australie. Le ministre des Communications, Stephen Conroy, a même jugé que le groupe "donnait la chair de poule". Aux États-Unis , qui représentent le marché de prédilection de Google, les choses s’enveniment aussi. Depuis fin mai, plusieurs États américains, dont l’Oregon et le Massachussetts, visent Google pour violation de la vie privée. La FTC, la police du commerce aux États-Unis, serait sur le point d’ouvrir une enquête.