L'ONU a condamné les violences interethniques au Kirghizstan et appelé à un retour à l'état de droit ainsi qu'à une résolution pacifique du conflit. En quatre jours, quelque 125 000 personnes ont fui vers l'Ouzbékistan.

Devant l’aggravation de la situation au Kirghizstan, la communauté internationale a commencé à réagir mardi. L’ONU a condamné les violences et souligné la "nécessité de soutenir de manière urgente la distribution d’aide humanitaire". Un appel repris aussi bien par l’Union européenne que par le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés.
Sur place, ils sont près de 125 000 à vouloir franchir les frontières du Kirghizstan depuis lundi. Essentiellement des Ouzbeks tentant de fuir les violences interethniques qui secouent le pays depuis le 10 juin. Selon la Croix-Rouge environ 80 000 d’entre eux auraient réussi à se réfugier en Ouzbékistan, tandis que les autorités locales avancent le chiffre de 100 000. Mais cet exode risque d’être compliqué par le fait, confirmé sur place par le correspondant de RFI pour France 24 à Och Regis Genté, que le Kirghizstan a décidé de fermer ses frontières.
Fosses communes
Dans les deux principales villes touchées du pays, Och et Jalalabad, les violences se sont poursuivies durant la journée de lundi. Le ministère kirghiz de la Santé a confirmé, mardi, que le nombre de victimes avait grimpé, passant de 138 à 170 morts. En outre, 1 700 personnes auraient été blessées.
"Le bilan risque d’être plus lourd qu’annoncé", prévient mardi Regis Genté. Des témoignages sur place font état de fosses communes et des corps sans vie joncheraient les rues d’Och. La nuit de lundi à mardi a été marquée par un calme précaire. "On sent que la violence peut reprendre à tout moment, des soldats en armes sont omniprésents dans les rues d’Och et de Jalalabad", raconte Regis Genté.
Pour mettre un terme aux violences certains en appellent à la Russie voisine. "Actuellement, la seule solution pour un retour au calme serait d’envoyer des troupes russes sur place", affirme à France 24 Andrea Berg, responsable Asie de l’ONG humanitaire Human Right Watch. Le président russe, Dmitri Medvedev a qualifié, lundi, la situation d’ "intolérable" et s’est dit prêt à "tout faire pour mettre un terme à la situation".
Les violences interethniques, qui ciblent la minorité ouzbèke – près de 20 % de la population – se doublent d’un affrontement politique. Le gouvernement provisoire accuse le président déchu, Kourmanbek Bakiev, d’alimenter les violences depuis son exil en Bélarus. Ce dernier a nié, lundi, y être pour quoi que ce soit dans cet engrenage meurtrier et a appelé à un retour au calme, taclant au passage le pouvoir en place "incapable de ramener le calme".
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