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Face à l'impuissance du gouvernement, les affrontements se poursuivent

Le conflit interethnique entre Kirghiz et Ouzbeks qui touche le sud-ouest du pays est entré lundi dans sa quatrième journée. Le dernier bilan fait état de 117 morts, et jusqu'à 75 000 personnes se seraient réfugiées en Ouzbékistan.

De nouveaux affrontements ont éclaté ce lundi dans le conflit qui oppose depuis quatre jours la population kirghize à la minorité ouzbèke dans le sud du Kirghizstan.

Selon Régis Gente, correspondant RFI à Bichkek, la capitale kirghize, la nuit semble cependant avoir été plus clame à Och, dans le sud-ouest du pays, où quelques coups de feu ont été entendus. Les affrontements ont été plus violents en revanche à Djalalabad, bastion du président Kourmanbek Bakiev renversé en avril, située à une cinquantaine de kilomètres plus au nord où des morts sont à déplorer.

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"La situation n'est toujours pas sous contrôle"
Face à l'impuissance du gouvernement, les affrontements se poursuivent

Le bilan officiel des affrontements dans le sud du pays, la région la plus touchée pour l’instant, a été porté à 117 morts et près de 1 500 blessés, a indiqué lundi le ministère kirghiz de la Santé. "Tout laisse à penser que le bilan est en réalité bien plus élevé, précise Régis Gente. Il est très difficile d’établir un bilan précis car les sources sont peu fiables et les chiffres difficiles à vérifier. Notamment parce que de nombreux Ouzbeks ont peur de se faire soigner au Kirghizstan et préfèrent se rendre en Ouzbékistan."

Depuis le début du conflit, jeudi, l'Ouzbékistan a accueilli 60 000 réfugiés. Les autorités kirghizes ont déclaré lundi que près de 125 000 personnes ont fui les violences.

Les forces de l'ordre ont été autorisées à tirer sans sommation dès samedi soir pour tenter de rétablir l'ordre après l'escalade des tensions dans cette ancienne république soviétique au bord de la guerre civile.

Le gouvernement intérimaire impuissant

Les autorités intérimaires du Kirghizstan, arrivées au pouvoir en avril à l'issue d'un soulèvement meurtrier qui a chassé le président Kourmanbek Bakiev, n’arrivent pas à contrôler la situation.

"Il y a par endroits encore des affrontements et pour l'instant nous ne parvenons pas à les localiser. Des groupes armés surgissent à un endroit puis à un autre, nous n'avons pas assez de forces", a déclaré lundi aux journalistes Temir Sarïev, le chef adjoint du gouvernement provisoire et ministre des Finances.

Il a néanmoins estimé que la "situation était moins difficile" que les jours précédents, alors que l’armée et la police kirghizes ont reçu l'ordre de tirer à vue sur tous les groupes armés afin de tenter de contenir ces violences.

Quant à l’origine du conflit, il est toujours aussi flou. Ces violences interethniques sont un "prétexte" pour exprimer une colère qui a "d'autres raisons", estime Régis Gente.

"Le président Bakiev a été chassé il y a deux mois, rappelle-t-il. Certains ici pensent qu'il s'agit de partisans de l'ancien président, des gens puissants, capables de contrôler des groupes armés, qui chercheraient à attiser la haine entre les deux ethnies."

Une autre explication prend en compte l’état économique catastrophique du pays. Avec un PIB inférieur à 12 milliards de dollars pour une population de 5 millions d’habitants – dont environ un million d’Ouzbeks – le Kirghizstan est un des pays les plus pauvres de la région.

"Il y a notamment des problèmes de terre, explique Régis Gente, ce qui provoque régulièrement des tensions entre Ouzbeks et Kirghiz."

La Russie refuse d’intervenir, la Chine évacue ses ressortissants

Dimanche, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est dit "alarmé par l'ampleur des affrontements, la nature interethnique des violences et le nombre de victimes et de déplacés", tandis que le président russe, Dmitri Medvedev, a appelé à "rétablir l'ordre le plus rapidement possible" et à "mettre fin au conflit interethnique".

La Russie, qui dispose d'une base à Kant, dans le nord du pays, y a dépêché dimanche 150 parachutistes pour renforcer la protection des installations et du personnel militaire russes.

Mais Moscou refuse d’intervenir dans le conflit, estimant qu'il s'agissait d'un conflit intérieur et n'a, pour l'instant, accordé qu'une aide humanitaire au Kirghizstan.

De son côté le gouvernement chinois a décidé lundi d’envoyer un avion au Kirghizstan pour rapatrier ses ressortissants bloqués dans le pays, selon les déclarations d'un porte-parole officiel, qui n'a toutefois pas précisé le nombre de Chinois se trouvant sur place.