logo

Téhéran menace de prendre ses distances avec l'AIEA

En réponse aux sanctions adoptées par le Conseil de sécurité de l'ONU, le Parlement iranien va débuter, dimanche, l'examen d'un texte visant à revoir les relations entre Téhéran et l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

AFP - L'Iran a menacé jeudi de revoir le niveau de ses relations avec l'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA) après l'adoption par l'ONU de nouvelles sanctions liées au nucléaire.
   

L'Iran, lâché par ses alliés russe et chinois qui ont rejoint les Occidentaux pour lui imposer de nouvelles sanctions, a accueilli avec colère le quatrième train de sanctions de l'ONU qui vise le pays pour son programme nucléaire controversé.

"Le Parlement va examiner en priorité dimanche un projet pour la révision des relations entre l'Iran et l'AIEA", a déclaré le vice-président de la Commission des Affaires étrangères du Parlement, Esmaïl Kosari, sans autres précisions.

Le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), Ali Akbar Salehi, a toutefois minimisé l'importance de ce texte.

"Il s'agit seulement d'une proposition. Nous attendons le retour du président Mahmoud Ahmadinejad pour examiner ce projet lors d'une rencontre commune", a-t-il déclaré.

Dans la foulée des sanctions, une source au Service fédéral de coopération militaire russe a annoncé jeudi le gel d'un contrat de livraison à l'Iran de missiles sophistiqués sol-air S-300.

"La décision du Conseil de sécurité de l'ONU doit être appliquée par tous les pays et la Russie ne fait pas exception", a indiqué cette source.

Mais le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a précisé jeudi soir à Tachkent que les sanctions prises par l'ONU contre l'Iran n'empêchaient pas la livraison de missiles S-300 à Téhéran.

"La résolution (de l'ONU) introduit des limites dans la coopération avec l'Iran en matière d'armes offensives, mais les armes de défense ne sont pas concernées", a déclaré M. Lavrov à la presse.

"Nous notons que (les S-300) ne sont pas inclus dans la résolution, mais nous avons relevé et apprécié la modération dont la Russie a fait preuve jusqu'à présent", a déclaré pour sa part Philip Crowley, le porte-parole de la diplomatie américaine.

Par ailleurs, l'UE pourrait décider la semaine prochaine de sanctions allant au-delà de celles décidées au Conseil de sécurité, tout en maintenant son offre de dialogue avec Téhéran sur le nucléaire, ont indiqué des sources diplomatiques. Le détail d'éventuelles mesures supplémentaires pourrait attendre juillet.

Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague avait indiqué auparavant à Berlin qu'il est "très important que l'Union européenne prenne des mesures supplémentaires pour montrer que l'Union européenne est prête, sur ce sujet et sur d'autres, à utiliser son poids dans le monde".

A Vienne, lors d'une réunion à l'AIEA, les pays arabes ont exigé pour leur part que l'Etat hébreu fasse connaître ses capacités nucléaires et soumette ses activités atomiques à la surveillance internationale.

Exprimant la colère de Téhéran, le président Ahmadinejad avait indiqué que l'Iran allait ignorer la nouvelle résolution comme il l'avait fait pour les précédentes, les jugeant "bonnes pour la poubelle".

Téhéran a annoncé immédiatement qu'il poursuivrait l'enrichissement d'uranium, principal sujet de conflit avec la communauté internationale inquiète de voir l'Iran se doter de l'arme nucléaire.

Les dirigeants iraniens semblaient en revanche hésiter sur la réponse à donner à l'offre de dialogue faite par les grandes puissances.

Selon un diplomate à Téhéran, "il est trop tôt pour savoir quelle voie les dirigeants iraniens vont choisir, entre confrontation et conciliation".

"L'Iran a reçu un camouflet diplomatique et pourrait se réfugier dans la surenchère, comme il l'a fait dans le passé", selon ce diplomate. "Mais le Brésil et la Turquie, qui ont voté contre les sanctions, vont faire pression pour la poursuite du dialogue. Et Téhéran pourrait vouloir ménager ces deux alliés après avoir été lâché par la Chine et la Russie".

La Chine, premier partenaire économique de l'Iran, conserve assez d'influence pour inciter Téhéran à ne pas rompre avec la communauté internationale, estiment plusieurs diplomates.