Notre reporter Melissa Bell se trouve au Niger où elle réalise un reportage sur la crise alimentaire qui frappe le pays. Suivez les coulisses du tournage grâce à son carnet de route.
Jeudi 10 juin
Les bidonvilles réunissent tellement d'histoires extraordinaires, de malédictions, de destins tragiques et de désespoir qu'ils détiennent souvent la clef qui permet de comprendre la société qui les a oubliés. Toutes les misères d'un pays condensées dans un petit kilomètre carré. Ou, dans le cas de Koira Tegui, deux kilomètres et demi.
C'est notre deuxième jour à Niamey, et notre deuxième visite dans son principal bidonville. Son chef, un homme responsable de 100 000 âmes, nous fait part de son inquiétude. Des groupes d'hommes et de femmes arrivent tous les jours un peu plus nombreux de la campagne. Tous racontent la même histoire : des champs vides et des arbres dépouillés de tout ce qui pouvait être mangé.
Le chef nous demande de le suivre sous un soleil de plomb jusqu'à la hutte d'une famille récemment arrivée et composée essentiellement de femmes. Les hommes sont repartis dans leur village, près d’Oualam, à 100 kilomètres de Niamey, dans l'espoir d'une récolte à venir. Les femmes sont assises sur le sol de leur habitation, entourées d'enfants. Elles vivent de la générosité de leurs nouveaux voisins et rêvent de pouvoir rentrer chez elles. Mais la réalité de la campagne les en empêche et les oblige à faire avec la misère de la ville. Rien n'est pire qu'un champ vide. Même pas un bidonville.