Au lendemain du vote du Conseil de sécurité des Nations unies contre le programme nucléaire iranien, les gouvernements américains et français jouent la modération. De son côté, Téhéran rejette en bloc ce quatrième train de sanctions.
Le président iranien a immédiatement rejeté le vote du Conseil de sécurité de l’ONU contre Téhéran, accusé de mener un programme nucléaire à vocation militaire. La résolution doit être jetée "comme un mouchoir usagé", a déclaré à la presse Mahmoud Ahmadinejad.
Dans une interview accordée à France 24, son ministre des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, a renchéri : "Ce sont des punitions pour quoi ? Qu’est-ce qui ne va pas avec l’Iran ? Au pire, ce sont des allégations, des gens qui disent qu’ils ont des doutes, mais rien de plus. Nous allons considérer ce qu’ils ont fait aujourd’hui. Nous avons déjà pris notre décision - ils le savent parfaitement."
Ces sanctions affirment "la nécessité du dialogue"
Le texte sur lequel les membres du Conseil de sécurité de l’ONU se sont mis d'accord a été particulièrement salué par trois des membres permanents, les États-Unis, le Royaume-Uni et la France.
En visite en Équateur, la secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, s’est réjouie de l'accord et assure qu’il s’agit des "sanctions les plus importantes auxquelles l'Iran ait jamais été confronté". Tandis qu’à Londres, le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a fait valoir que la résolution était une "étape très significative" qui "montre vraiment la détermination de la communauté internationale".
Le président américain, Barack Obama, a employé un ton plus modéré. S'il a parlé de "message sans équivoque sur l'engagement de la communauté internationale à mettre fin à la propagation des armes nucléaires", le locataire de la Maison Blanche a surtout insisté sur le fait que ces sanctions "ne ferment pas la porte à la voie diplomatique".
Abondant dans le même sens, le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, a estimé que les nouvelles sanctions ne sont pas "un refus du dialogue", mais "au contraire une affirmation de la nécessité du dialogue".
Incompréhensions entre Pékin et Téhéran
itDouze pays ont voté pour les sanctions, y compris la Russie et la Chine. Toujours hostiles à des mesures de rétorsion trop contraignantes, Moscou et Pékin ont étroitement négocié pour en édulcorer le contenu. Après des mois d'intenses tractations, le texte prévoit un simple renforcement des sanctions adoptées lors des trois précédentes résolutions.
Mais l’incompréhension de Téhéran vis-à-vis de la Chine grandit. "Le gouvernement iranien exprime ses critiques de plus en plus ouvertement", explique Siavosh Ghazi, correspondant de France 24 en Iran. Le président Ahmadinejad se rend justement ce jeudi en Chine, "et va peut-être signifier son mécontentement à Pékin".
L’Iran a cependant reçu le soutien de la Turquie et du Brésil, qui avaient signé, en mai, un accord avec Téhéran. Tous deux ont d’ailleurs voté contre la sanction. Le Liban s’est abstenu.
it"Bien dit, caramba !"
La Turquie n’a pas caché sa crainte que la décision du Conseil de sécurité "puisse nuire aux efforts diplomatiques et à la fenêtre d'opportunité pour un règlement pacifique sur la question du programme nucléaire de l'Iran".
De même, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a rejeté cette résolution onusienne, la qualifiant de "victoire à la Pyrrhus" qui ne fait qu’"affaiblir" le Conseil de sécurité des Nations unies.
Enfin, le Venezuela a apporté un franc soutien à l’Iran. Reprenant les mots du président Ahmadinejad contre les résolutions de l'ONU, le président Hugo Chavez s’est exclamé à la télévision : "Bien dit, caramba ! Elles ne valent pas un sou".