
"Israël doit payer le prix pour le sang versé par des martyrs". En préambule d'un sommet réunissant à Istanbul des dirigeants russes, iraniens et arabes, le Premier ministre turc a de nouveau tancé l'État hébreu.
AFP - La Turquie a tenté mardi de faire condamner Israël pour son raid meurtrier contre un convoi maritime à destination de Gaza, au cours duquel neuf Turcs ont été tués, lors d'un sommet régional sur la sécurité tenu à Istanbul.
"Les conséquences de ces actes, commis avec des sentiments de haine et de vengeance, seront évidentes", a assuré le président turc Abdullah Gül, lors de ce sommet qui a réuni les dirigeants de plusieurs pays, dont le Premier ministre russe Vladimir Poutine.
M. Gül avait affirmé il y a quelques jours que les liens entre Israël et la Turquie ne seraient "plus jamais les mêmes", après cet abordage meurtrier.
En marge du forum, M. Poutine a affirmé que son pays avait l'intention de porter devant l'ONU la question d'une enquête sur ce raid.
"Malheureusement, cette action a eu lieu dans les eaux internationales et cela constitue une autre source d'inquiétude", a-t-il dit, et d'ajouter: "C'est pourquoi (l'incident) doit spécialement faire l'objet d'une enquête (...) Nous allons soulever la question devant les Nations unies, nous y travaillons".
La Conférence sur les mesures pour bâtir la confiance et l'action conjointe en Asie (CICA), un forum de sécurité régional, a réuni notamment lundi et mardi les dirigeants de plusieurs pays, dont les présidents iranien et palestinien, Mahmoud Ahmadinejad et Mahmoud Abbas.
Mais le fait qu'Israël est également membre de la CICA a empêché une condamnation explicite de l'Etat hébreu dans la déclaration finale de ce sommet publié mardi soir.
M. Gül a expliqué lors d'une conférence de presse après la clôture du sommet qu'Israël avait empêché l'inclusion dans la déclaration d'une condamnation la visant.
Mais il a lu ensuite un document émanant de la nouvelle présidence en exercice du forum, en l'occurence la Turquie, où 21 des 22 Etats membres, sauf Israël, "condamnent" le raid israélien "en violation de la charte onusienne et du droit international".
Les signataires ont aussi soutenu "la mise en place par le secrétaire général de l'Onu d'une commission d'enquête indépendante pour enquêter d'une manière crédible et transparente" sur cet incident.
"Il n'est pas question que la Turquie oublie" l'attaque qui a couté à la vie à neuf Turcs, a ajouté le président turc, en réponse à une question.
Israël était invité à cette conférence, mais seul son ambassadeur en Turquie était présent.
Les ministres afghan et pakistanais des affaires étrangères ont condamné lundi l'assaut israélien et exprimé leur solidarité à la Turquie, lors du sommet de la CICA, ainsi que, mardi, le président iranien.
Le raid de soldats israéliens sur la flottille humanitaire pour Gaza, le 31 mai en pleine mer, a suscité un tollé international et pratiquement réduit à néant les liens israélo-turcs. La Turquie a rappelé son ambassadeur à Tel Aviv.
Ankara réclame la constitution d'une commission d'enquête indépendante sous l'égide de l'ONU, une hypothèse rejetée par Israël, qui évoque la possibilité d'une enquête interne. Seule la mise en place d'un tel mécanisme peut améliorer les rapports bilatéraux, a averti Ankara.
Le premier Ministre turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé dimanche qu'il s'était entretenu par téléphone avec le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, de la mise en place d'une telle commission.
Le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU a adopté le 2 juin une résolution approuvant la mise sur pied d'une "mission d'enquête internationale" sur le raid.
La CICA, créée en 2002, compte 20 membres, certains étant en totale opposition politique et diplomatique, avec notamment l'Afghanistan, le Pakistan, l'Iran, Israël, l'Egypte et l'Autorité palestinienne.