
Les militants pro-palestiniens arrêtés à bord du "Rachel-Corrie" vont être expulsés par Israël. La France et le Royaume-Uni ont insisté sur la tenue d'une enquête internationale et proposé que l'UE participe au filtrage de l'aide humanitaire.
AFP - L'ensemble des militants pro-palestiniens présents à bord du cargo arraisonné Rachel Corrie devaient être rapidement expulsés par Israël, pressé dimanche d'accepter une enquête internationale sur son raid meurtrier contre une flottille humanitaire pour Gaza.
L'ambassadeur israélien aux Etats-Unis Michael Oren a affirmé que son pays rejetait ce genre d'enquête, au moment où le cabinet israélien de sécurité était réuni en soirée sous la présidence du Premier ministre Benjamin Netanyahu pour examiner les moyens de répondre aux critiques internationales.
"Toutes les personnes à bord du bateau seront expulsées après avoir signé un document par lequel elles renoncent à recourir à la justice israélienne contre cette mesure", a déclaré à l'AFP une porte-parole du service de l'immigration israélien, Sabine Haddad.
Le cargo de 1.200 tonnes transportait de l'aide humanitaire pour Gaza ainsi que onze passagers, cinq Irlandais et six Malaisiens, et huit membres d'équipage -six Philippins, un Cubain et le capitaine écossais.
Le Cubain et les six Malaisiens sont arrivés en Jordanie via le pont Allenby. Les 12 derniers devaient être rapatriés par avion dans les prochaines heures. La Nord-irlandaise Mairead Maguire, célèbre avocate de la cause palestinienne, et ses camarades devaient quitter Israël tôt lundi pour Dublin.
Leur départ a été retardé en raison de leur refus initial de signer le document israélien, selon Mme Haddad.
Leur rapatriement survient au lendemain de l'abordage sans violences du Rachel Corrie dans les eaux internationales au large d'Israël, qui a contrasté avec l'assaut meurtrier du 31 mai contre le ferry turc Mavi Marmara, "navire amiral" d'une flottille humanitaire internationale.
Ce dénouement pacifique n'a pas atténué la vague d'indignation internationale déclenchée par la mort de neuf militants tués par balles lors des affrontements avec les soldats sur le Mavi Marmara, ni la pression sur Israël pour accepter une enquête internationale indépendante.
La France et la Grande-Bretagne ont insisté dimanche sur la nécessité d'une enquête "internationale", par la voix des ministres des Affaires étrangères des deux pays, Bernard Kouchner et William Hague, qui se sont entretenus dans la soirée à Paris.
M. Kouchner a également proposé que l'Union européenne assure le contrôle des navires de marchandises voulant se rendre à Gaza, et qu'elle gère à nouveau le point de passage de Rafah entre le territoire palestinien et l'Egype.
Plus tôt, le président français Nicolas Sarkozy avait "invité" M. Netanyahu à accepter "une enquête crédible et impartiale".
Le patron de l'ONU Ban Ki-moon a contacté M. Netanyahu pour évoquer la mise en place d'une commission d'enquête incluant des représentants des Etats-Unis, de Turquie et d'Israël, selon une source gouvernementale israélienne citée par la presse locale.
"Israël et les Etats-Unis sont en contact au plus haut niveau" à ce sujet, a indiqué à l'AFP un haut responsable gouvernemental israélien sous couvert de l'anonymat.
Le chef de la diplomatie de l'Etat hébreu Avigdor Lieberman se rend lundi à New York pour expliquer aux diplomates israéliens en Amérique du Nord la position du gouvernement.
Mais les dirigeants israéliens sont divisés sur l'opportunité d'une enquête internationale, la plupart préférant une investigation interne sur les ratés de l'abordage.
"Nous rejetons l'idée d'une enquête internationale", a déclaré l'ambassadeur Oren. Israël "a la capacité et le droit de mener une enquête interne".
Le gouvernement Netanyahu pourrait aussi être contraint de lever le blocus de Gaza, selon les médias. Mais M. Netanyahu a répété qu'Israël "ne permettrait pas la création d'un +port iranien+ à Gaza et l'entrée libre d'armes dans ce territoire", en référence au soutien iranien au mouvement palestinien Hamas au pouvoir à Gaza.
Le mouvement "Liberté pour Gaza", à l'initiative de l'envoi de la flottille du 31 mai, a déjà annoncé une nouvelle tentative "dans les deux prochains mois" de briser le blocus de Gaza où s'entassent 1,5 million de Palestiniens sur 362 km2.