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L'ancien dictateur panaméen Manuel Noriega, transféré des États-Unis à la France le 27 avril, ne pourra être extradé vers le Panama qu'après avoir comparu devant la justice française, selon le Quai d'Orsay.

AFP - Le Panama a demandé vendredi l'extradition de Manuel Antonio Noriega à la France où il doit être rejugé fin juin pour blanchiment d'argent, mais l'ancien dictateur ne devrait pas pouvoir être transféré avant d'avoir satisfait à la justice française.

L'ambassade du Panama en France "a confirmé que la demande d'extradition de M. Manuel Antonio Noriega a été remise formellement au ministère français des Affaires étrangères", a déclaré à l'AFP Vladimir Franco, directeur général des affaires judiciaires du ministère panaméen des Affaires étrangères.

"Maintenant, c'est l'affaire de la France", a ajouté M. Franco.

Paris a confirmé avoir reçu la demande par la voix du porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero. "Cette demande sera instruite par l'autorité judiciaire française", a-t-il dit à l'AFP.

M. Valero a précisé que l'ex-dictateur, extradé le 27 avril en France par les Etats-Unis, "ne pourra être extradé qu'après avoir satisfait à la justice française, puisqu'une procédure judiciaire est ouverte actuellement" contre lui.

Par ailleurs, "préalablement à toute extradition, la France devrait demander le consentement aux autorités américaines, conformément aux pratiques traditionnelles du droit de l'extradition reprises dans le traité franco-américain et dans le code français de procédure pénale", a-t-il dit.

Pour qu'une extradition soit possible, il faudrait l'avis favorable du ministre de la Justice, à la suite duquel une décision conforme du Premier ministre François Fillon devrait être prise, a rappelé M. Valero.

La Cour suprême du Panama avait demandé au gouvernement de solliciter à la France l'extradition de Noriega, condamné en 1993 dans son pays à trois peines de 20 ans pour violations des droits de l'homme et disparitions d'opposants.

Le président panaméen Ricardo Martinelli a estimé récemment que si Noriega, 76 ans, devait rentrer, il pourrait bénéficier du dispositif permettant aux personnes âgées de plus de 70 ans de purger leur peine à domicile, car il "a déjà payé".

"Je crois qu'il a déjà purgé sa peine (...) et il m'a fait de la peine quand je l'ai vu marcher", a déclaré le 12 mai M. Martinelli dans une interview télévisée.

Noriega, ancien informateur de la CIA, a dirigé le Panama d'une main de fer de 1981 à 1989, avant de tomber en disgrâce auprès de Washington en raison de son implication dans un trafic de stupéfiants et d'être renversé par l'armée américaine. Il a été extradé en France après 20 ans de détention en Floride.

Actuellement en détention provisoire à la prison de la Santé à Paris, il sera rejugé les 28, 29 et 30 juin. Il est accusé d'avoir transféré en France 2,3 millions d'euros provenant du cartel de la drogue de Medellin (Colombie).

Il avait été condamné par défaut à Paris le 1er juillet 1999 à 10 ans de prison et 11,4 millions d'euros d'amende dans cette affaire de blanchiment.

Les avocats de l'ancien dictateur accusent la France de violer la convention de Genève car Paris ne lui reconnaît pas le statut de prisonnier de guerre que les Etats-Unis lui avaient conféré. Ils en ont appelé au Comité international de la Croix-Rouge (CICR).