Fidèle détracteur de Silvio Berlusconi, le réalisateur italien Marion Monicelli (photo) a appelé des étudiants à se "rebeller" contre la politique du gouvernement. Le ministre de la Culture Sandro Bondi dénonce des propos haineux.
AFP - Le cinéaste Mario Monicelli a provoqué une polémique en appelant des étudiants à "se rebeller" contre des coupes dans le budget culture prévues par le gouvernement italien, suscitant une réaction indignée du ministre qui a accusé Monicelli de fomenter la violence.
"Vous devez utiliser votre force pour subvertir, pour protester, faites-le vous qui êtes jeunes, moi je n'en ai plus la force", a lancé Monicelli, 95 ans, jeudi à une assemblée d'élèves de l'Institut d'Etat pour la cinématographie et la télévision, selon des propos rapportés par les médias vendredi.
Le vieux réalisateur, habitué des harangues contre le gouvernement de droite de Silvio Berlusconi, les a invités à "ne pas se taire", recevant une ovation de la salle rassemblée pour voir un court-métrage écrit avec son collègue Mimmo Calopresti, intitulé "La nuova Armata Brancaleone".
Le ministre de la Culture Sandro Bondi, un fidèle de Berlusconi, a vivement dénoncé les déclarations du réalisateur du "Pigeon" ("I Soliti Ignoti") et des "Monstres". "Les intellectuels comme Monicelli ne se rendent pas compte de la gravité et des conséquences de leurs propos", a-t-il indiqué.
M. Bondi a cité un éditorialiste pour s'inquiéter d'un "regain d'un climat de haine qui en Italie a déjà produit une longue période de violence politique", dans une allusion aux attentats et meurtres des années de plomb.
Il n'a en revanche pas commenté les protestations de M. Monicelli contre les coupes dans les aides à la culture et l'éducation.
"Les travailleurs du cinéma et de la télévision n'auront pas d'avenir", dénonce le court-métrage de Monicelli et Calopresti.
"La Nuova Armata Brancaleone" est plus une provocation qu'un vrai film, composée d'images-clips faite de brèves images précédées et suivies d'une longue séquence de titres et remerciements pour montrer qu'il ne sera plus possible de faire du cinéma en Italie une fois approuvées les coupes prévues dans un plan d'austérité en cours d'adoption.
"L'Italie est connue à l'étranger seulement pour sa culture et c'est justement cela qu'on cherche aujourd'hui à combattre", a estimé Monicelli, dénonçant à l'inverse une "culture de l'enrichissiment".