Sous la pression de la communauté internationale, Israël continue d'expulser les centaines de militants pro-palestiniens étrangers arrêtés lundi après l'assaut de Tsahal contre la flottille d'aide internationale qui se rendait à Gaza.
AFP - Critiqué de toute part, Israël expulsait mercredi des centaines de militants étrangers pro-palestiniens après la décision du Premier ministre Benjamin Netanyahu de faire partir tous ceux arrêtés lors du raid meurtrier contre la flottille humanitaire pour Gaza.
"Plus un seul des détenus (étrangers) n'est actuellement en prison", a déclaré à l'AFP le porte-parole de l'administration pénitentiaire israélienne, Yaron Zamir.
Plusieurs centaines de passagers de la flottille attendaient le départ mercredi soir à l'aéroport international de Tel-Aviv pour être rapatriés à bord de trois avions de ligne et trois appareils médicalisés.
A Istanbul, un millier de personnes étaient rassemblées en soirée sur la principale place de la ville pour fêter en héros les militants turcs qui devaient quitter Israël.
Le gouvernement israélien est sous intense pression alors que se multiplient les appels de la communauté internationale à une enquête "impartiale" sur l'abordage de lundi, qui a fait neuf morts civils et des dizaines de blessés. Six soldats israéliens ont également été hospitalisés.
Selon un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, deux blessés de nationalité turque sont dans un état grave, considérés comme intransportables.
La Turquie, dont au moins quatre citoyens sont morts dans l'assaut, a dépêché trois avions pour rapatrier environ 350 de ses ressortissants.
Ankara a menacé de revoir ses relations avec Israël si ses ressortissants n'étaient pas libérés d'ici mercredi soir.
Le processus d'expulsion a été accéléré après la décision du cabinet de sécurité israélien présidé mardi soir par M. Netanyahu de les faire partir tous en 48 heures.
La plupart des gouvernements de pays ayant des ressortissants à bord des navires avaient appelé à leur "libération immédiate".
M. Netanyahu a averti qu'Israël maintiendrait son blocus de la bande de Gaza en place depuis quatre ans, alors qu'un cargo irlandais, le MV Rachel Corrie, est attendu en début de semaine au large de ce territoire palestinien.
"Notre devoir est d'inspecter tous les bateaux qui arrivent. Si nous ne le faisions pas, Gaza deviendrait un port iranien, ce qui constituerait une menace réelle pour la Méditerranée et l'Europe", a affirmé M. Netanyahu mardi soir dans une brève allocution télévisée.
"L'Etat d'Israël continuera a exercer son droit à l'autodéfense. La sécurité est au-dessus de tout", a souligné le Premier ministre.
Le blocus s'est cependant fissuré mardi, après la décision de l'Egypte d'ouvrir le terminal de Rafah, seul point de passage de la bande de Gaza non contrôlé par Israël, habituellement fermé. Des centaines de Palestiniens l'ont traversé mercredi dans les deux sens.
L'armée israélienne a par ailleurs accusé le Hamas, au pouvoir dans l'enclave, de l'empêcher de transférer à Gaza la cargaison d'aide saisie sur la flottille. Le mouvement islamiste a lui affirmé ne pas avoir reçu cette livraison.
Lundi avant l'aube, des commandos de marine israéliens ont lancé dans les eaux internationales un raid contre la flottille internationale acheminant les militants pro-palestiniens et des tonnes d'aide vers Gaza.
De violents affrontements se sont déroulés à bord du ferry turc Mavi Marmara, le plus grand des six navires, qui transportait 600 personnes.
Israël, qui avait averti qu'il ne permettrait pas l'arrivée de la flottille à Gaza, a accusé les militants d'avoir "déclenché les violences" en attaquant les soldats avec des couteaux et des barres de fer. Les organisateurs du convoi ont eux affirmé que les commandos avaient ouvert le feu sans justification.
Cet assaut, par lequel Israël a voulu empêcher le convoi humanitaire de briser le blocus, a déclenché la colère d'Ankara et de nouvelles et vives dénonciations internationales.
Le Parlement turc a réclamé mercredi à l'unanimité des mesures "efficaces" contre Israël et, selon l'agence Anatolie, le ministère turc de la Justice réfléchit à l'opportunité de lancer des poursuites judiciaires contre Israël.
Israël a commencé à rapatrier les familles de son personnel diplomatique à Ankara, selon la radio publique israélienne.
A Londres, le Premier ministre britannique, David Cameron, a estimé que l'assaut israélien était "complètement inacceptable".
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, qui doit rencontrer Barack Obama le 9 juin à la Maison blanche, a annoncé qu'il allait demander au président américain de prendre "des décisions courageuses" et a qualifié "de "terrorisme d'Etat" le raid israélien sanglant.