
"Quand Nicolas Sarkozy nous donne des leçons de maîtrise budgétaire, c'est un peu M. Madoff qui administre quelques cours de comptabilité", a déclaré samedi la première secrétaire du Parti socialiste. L'UMP crie à l'injure.
AFP - Le ton très offensif de Martine Aubry sur Nicolas Sarkozy, ce week-end lors d'une réunion publique, a déclenché les foudres de l'UMP qui a dénoncé des "injures", amenant la patronne du PS à s'expliquer sur une comparaison entre le chef de l'Etat et l'escroc américain Bernard Madoff.
La polémique a éclaté après un discours samedi de la première secrétaire sur les thèmes de la crise financière et des déficits publics, lors d'une convention nationale sur le projet du PS pour 2012.
"J'ai un peu l'impression, quand Nicolas Sarkozy nous donne des leçons de maîtrise budgétaire, c'est un peu M. Madoff qui administre quelques cours de comptabilité", a-t-elle affirmé en référence au gestionnaire de portefeuilles de Wall Street condamné en 2009 à 150 ans de prison pour une des plus vastes escroqueries de l'histoire.
Le porte-parole de l'UMP Frédéric Lefebvre n'a pas tardé à réagir : "Il est regrettable que Mme Aubry s'abaisse à injurier le président de la République en le comparant notamment à un escroc".
"Les Français jugeront où est la vulgarité", a-t-il ajouté dans une allusion à un autre propos de la maire de Lille qui s'en est prise aussi aux récentes critiques du chef de l'Etat sur l'héritage mitterrandien de la retraite à 60 ans, formulées selon elle avec "une dose de vulgarité".
"Reprocher à François Mitterrand la retraite à 60 ans, c’est une opinion politique. Comparer le président de la République à un escroc, c’est une injure, pas une opinion!", a fustigé dimanche l'ex-Premier ministre de Jacques Chirac Jean-Pierre Raffarin infligeant un "blâme démocratique" à Mme Aubry et lui conseillant de s'excuser.
Pour le député UMP Yves Jégo, "par ses propos, Mme Aubry montre son vrai visage : celui de la haine et du sectarisme violent".
Invitée de France 2 dimanche midi l'intéressée a voulu calmer le jeu et expliqué avoir mis en cause, non pas le chef de l'Etat lui-même, mais ses démonstrations "pas crédibles" sur les comptes publics.
"Les mots ont un sens. Bien sûr, je n'ai pas comparé le président de la République à Madoff", a-t-elle assuré. "On ne parle pas aux gens uniquement avec des noms d'oiseau. On essaie de s'exprimer avec nuance. En tous les cas, j'essaie de le faire".
Sur les retraites et Mitterrand, "je continue de penser que s'en prendre à quelqu'un qui en plus est décédé, a fait par ailleurs l'abolition de la peine de mort et beaucoup de choses, de cette manière là, ça a une petite dose de vulgarité et en tout cas beaucoup d'inélégance", a insisté la numéro un PS.
Son prédécesseur François Hollande, qui se prépare également à être candidat à la prochaine présidentielle, a souligné la responsabilité de Nicolas Sarkozy, selon lui "coutumier" des "facilités" de langage dans le débat public.
Mais "nous ne sommes pas là pour copier (...) je pense que face à ce type de comportement nous devons, nous, être différents", a-t-il mis en garde lors du "Grand Rendez-Vous" Europe1/Le Parisien-Aujourd'hui en France.
Sur Canal+, son collègue député Pierre Moscovici a fait valoir qu'au président "ça lui arrive d'être vulgaire", par exemple "quand il est au salon de l'Agriculture, qu'il prend un type et lui dit +casse toi pov'con+".
"Quand on est comme Nicolas Sarkozy, sans arrêt dans la polémique (...) il ne faut pas jouer les vierges effarouchées, les Marie-Louise", a dit de son côté Jean-Marie Le Guen, autre député PS, au "Forum" de Radio J, appelant les journalistes à "ne pas s'en tenir" à ces controverses.