Les résultats partiels des législatives tchèques organisées vendredi et samedi indiquent que les sociaux-démocrates arrivent en tête, mais qu'une coalition permettrait aux partis du centre droit d'obtenir la majorité au Parlement.
AFP - Les partis de droite et centristes sont bien placés pour former une coalition à l'issue des élections législatives tchèques, bien que les sociaux-démocrates soient arrivés en tête, selon les résultats quasi-définitifs communiqués samedi par l'office des statistiques.
Le parti social-démocrate CSSD devançait le parti de droite ODS (20,22%) après dépouillement des bulletins dans 99,99% des bureaux de vote, mais cette légère avance n'était pas suffisante pour la formation d'une éventuelle coalition de gauche avec les communistes (KSCM).
CSSD et KSCM ne disposent ensemble que de 82 sièges au sein de la chambre basse, contre 118 sièges pour l'ODS, le parti de droite TOP09 et la formation centriste Affaires publiques, selon un décompte de l'agence CTK.
Confronté à ce résultat, le chef du CSSD Jiri Paroubek, Premier ministre en 2005-2006, a annoncé qu'il allait démissionner de son poste dans les sept à dix jours à venir.
"Le parti a besoin d'un nouveau départ", a affirmé M. Paroubek, avant de préciser que le CSSD serait prochainement dirigé par son actuel premier vice-président, l'ex-ministre des Finances Bohuslav Sobotka.
En tant que dirigeant du parti crédité du plus grand nombre de voix, M. Sobotka pourrait être prochainement chargé par le président Vaclav Klaus d'une première tentative de former un gouvernement, bien que les chances de succès soient minces.
Une deuxième tentative, pilotée cette fois-ci par le leader de l'ODS, Petr Necas, pourrait suivre, estime-t-on dans les milieux politiques à Prague.
M. Paroubek, 57 ans, à qui une partie de la presse et certains analystes attribuent une forte dose de populisme, un goût pour la confrontation et une approche pragmatique envers le KSCM, l'unique parti communiste non-réformé d'Europe centrale, a aussi admis que le pays s'acheminait vers une coalition de centre droite.
"Les gens ont choisi la direction dans laquelle la République tchèque avancera, et cette direction est différente de celle que le CSSD leur proposait", a-t-il affirmé.
M. Necas, de son côté, s'est félicité de la "forte chance de former une coalition de responsabilité budgétaire", qui s'offrira désormais.
"Ce serait une bonne nouvelle pour la République tchèque et ses citoyens", a insisté M. Necas, ex-ministre du Travail et des Affaires sociales, qui prônait pendant la campagne la nécessité d'assainir radicalement les finances publiques tchèques, pour que le pays évite un "scénario grec".
Selon lui, les électeurs ont fait clairement savoir qu'ils souhaitaient éviter un endettement supplémentaire du pays.
"Ceci devrait être la tâche clé du futur gouvernement", a-t-il souligné.
En réaction à la démission de M. Paroubek, son principal adversaire politique, M. Necas a estimé que cette décision pourrait conduire à un "apaisement du style de confrontation" sur la scène politique tchèque.
En l'espace de quelques heures, ces législatives ont complètement redessiné la carte politique de ce pays post-communiste d'Europe centrale, membre de l'UE depuis 2004.
"C'est une révolte civique qui s'est déroulée par le biais des bulletins de vote", a estimé le politologue Michal Klima, à l'antenne de la télévision publique CT.
La République tchèque est dirigée depuis douze mois par un gouvernement provisoire mené par l'ex-chef de l'Office des statistiques Jan Fischer, composé de ministres sans étiquette.
Ce gouvernement a remplacé l'équipe de centre-droite du libéral Mirek Topolanek (ODS), renversé en mars 2009 à la suite d'une motion de censure déposée par le CSSD, en pleine présidence tchèque de l'Union européenne.