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La compagnie pétrolière britannique tente de boucher son puits de pétrole à l'origine de la marée noire qui souille le golfe du Mexique depuis le 20 avril en ayant recours à une nouvelle solution technique, ce mercredi.

AFP - Le groupe britannique BP a entamé mercredi une délicate opération visant à cimenter le puits de pétrole à l'origine de la marée noire dans le golfe du Mexique et a reconnu que des défaillances avaient entraîné la catastrophe.

"BP a commencé" l'opération, baptisée 'top kill' en anglais, "pour arrêter le flux de pétrole du puits", a déclaré le porte-parole du groupe, peu après que les garde-côtes américains eurent donné leur feu vert. BP a précisé dans un communiqué que l'opération avait commencé à "13H00" locales (18H00 GMT).

La procédure consiste à injecter depuis un bateau mouillant en surface une solution faite d'eau, de matières solides et de barite, un minerai, dans deux conduits qui mènent à la valve antiexplosion du puits, d'où s'échappent le pétrole et le gaz, puis de sceller le puits avec du ciment.

Un des vice-présidents du pétrolier, Kent Wells, a estimé que l'opération avait "entre 60 et 70%" de chances de réussir.

Selon le Washington Post de mercredi, la pression équivaut à envoyer entre 105 et 133 litres par seconde dans le conduit.

D'après Bruce Murray, ingénieur pétrochimiste, si la pression appliquée à la fuite est assez forte, le mélange devrait pouvoir forcer le pétrole à se replier dans le gisement et l'immobiliser.

Du ciment doit ensuite être injecté pour sceller la fuite.

Mais, souligne Eric Smith, du Tulane Energy Institute, la pression requise pour stopper la fuite est tellement forte que le gisement ou la valve anti-explosion pourraient être endommagés. Le procédé produirait alors l'effet inverse de celui escompté: une fuite encore plus importante.

Et, préviennent les experts, si cette technique a déjà été expérimentée avec succès en d'autres occasions, elle n'a jamais été tentée à 1.500 mètres de profondeur.

Le directeur général de BP Tony Hayward a reconnu mercredi que "sept défaillances" étaient apparues avant l'explosion de la plateforme Deepwater Horizon le 20 avril, sans toutefois préciser s'il s'agissait d'erreurs humaines ou de problèmes techniques.

Mardi soir, des élus du Congrès américains ont annoncé avoir eu accès à une enquête interne de BP sur la catastrophe. Dans le document, il est question de "trois signes avant-coureurs" annonçant l'imminence d'un danger, survenus dans l'heure qui a précédé l'explosion.

Selon les représentants Henry Waxman et Bart Stupak, ces signaux ont averti les employés de BP d'une pression anormale et d'une fuite de liquides dans un conduit.

Le président Barack Obama doit se rendre vendredi en Louisiane, l'Etat le plus touché par la marée noire. Il donnera la veille une conférence de presse sur le sujet, après avoir pris connaissance d'un rapport attendu de son secrétaire à l'Intérieur, Ken Salazar, sur l'avenir du forage pétrolier en mer.

Il a promis mercredi que son gouvernement ne "connaîtrait pas de repos" tant que la source de la marée noire ne serait pas tarie et que les opérations de nettoyage ne seraient pas terminées.

M. Obama, dont l'administration est de plus en plus critiquée dans cette affaire, a rappelé que son équipe "consultait activement" des scientifiques et des techniciens pour envisager toutes les mesures possibles afin de circonscrire le désastre.

Si la cimentation de la fuite devait échouer, BP compte recourir une nouvelle fois à un "couvercle" pour arrêter la fuite. Ce procédé, déjà tenté à plusieurs reprises, n'a pour le moment pas porté ses fruits.